Ce samedi 2 août 2025, le football sénégalais amorce un virage important de son histoire : l’élection du président de la Fédération Sénégalaise de Football (FSF). L’enjeu est immense. Il ne s’agit pas d’une simple formalité statutaire mais d’un tournant qui engage l’avenir de la discipline la plus populaire du pays.
Dans un contexte de réformes, de compétitions majeures à l’horizon, et de réflexions sur la gouvernance, cette élection pourrait bien être le début d’une nouvelle ère.
Trois grandes forces en compétition
Parmi les candidats en lice, trois figures majeures cristallisent les attentions.
Me Augustin Senghor, président sortant depuis 2009, vise un cinquième mandat olympique de 4 ans. Fort de son expérience, il prône la continuité avec des résultats tangibles : une CAN remportée en 2022, une présence constante sur la scène continentale, et des réformes structurelles engagées. En plus de son bilan, Augustin Senghor bénéficie du soutien de Me Moustapha Kamara, qui s’est désisté en sa faveur.
Abdoulaye Fall, président de Bambey FC, ancien Trésorier général à la retraite, porté par un puissant attelage politique et sportif composé de Cheikh Seck, Seydou Sané, Elimane Lam (nouvellement élu 5e vice-président de la future FSF) Kosso Diané (nouveau président de la Ligue amateur), se positionne comme le visage du changement réfléchi, d’une alternative maîtrisée au modèle Senghor. Abdoulaye Fall rejoint par l’un des candidats Abdoulaye Thierry Camara « Titi Camara » qui s’est finalemen retiré pour le soutenir.
Mady Touré, fondateur de Génération Foot et battu lors des deux dernières élections par Senghor, revient avec un discours résolument tourné vers la rupture, la transparence, et la revalorisation du football local. Il est soutenu par le nouveau président de la Ligue sénégalaise de football professionnel Babacar Ndiaye et du président de la Ligue de Dakar Niang Mbaye
Le scrutin s’annonce très ouvert. Aucun des candidats ne semble en mesure de l’emporter dès le premier tour, où il faut recueillir 50 % des suffrages plus une voix. Un second tour paraît donc probable, tant les forces en présence semblent équilibrées. Après le désistement de Me Moustapha Kamara en faveur de Me Augustin Senghor, trois autres candidats tenteront de jouer les trouble-fête : Aliou Goloko et Oumar Ndiaye.
Un contexte chargé d’enjeux
Cette élection à la tête de la Fédération sénégalaise de football intervient à un moment crucial pour le football national. À l’horizon, deux échéances majeures : la CAN 2025 au Maroc et, surtout, deux matchs décisifs en septembre prochain dans la course à la qualification pour la Coupe du monde 2026, qui se tiendra aux États-Unis, au Canada et au Mexique.
Au-delà de l’enjeu sportif et des importantes retombées économiques qu’implique une qualification mondiale, cette élection revêt une dimension structurante. Elle doit marquer le début d’une nouvelle ère de gouvernance pour le football sénégalais. La réforme des textes, régulièrement promise mais systématiquement reportée, demeure une urgence.
Autre point clé : la redynamisation du football local, longtemps relégué au second plan malgré son rôle central dans le développement du sport roi. Tous les candidats à la présidence l’ont inscrit dans leur programme. Le prochain président aura donc la lourde responsabilité de traduire ces promesses en actes concrets, en posant les bases d’un football plus inclusif, mieux financé et durablement structuré.
Au-delà des discours de campagne, les acteurs et les électeurs attendent des engagements fermes : meilleure redistribution des ressources, soutien aux clubs amateurs, développement des infrastructures, professionnalisation de la Ligue, et lutte contre l’opacité dans la gestion.
Un scrutin scruté, un vote déterminant
Les tractations et alliances de dernière minute montrent bien que ce scrutin pourrait se jouer en coulisses. La FSF, en tant qu’institution, joue sa crédibilité sur l’organisation d’un vote transparent. Le système électoral actuel fait l’objet de critiques, notamment sur les collèges d’électeurs et les procédures, jugés peu inclusifs.
Le vainqueur devra non seulement remporter la majorité, mais il doit surtout fédérer tous les acteurs pour éviter les cassures afin d’engager les réformes profondes attendues depuis des années.
Liste des présidents de la FSF depuis 1960
1960 : Maguette Diack – 1960-1965 : Joseph Gomis – 1965-1969 : Henry Joseph Diémé – 1969-1973 : Babacar Ndir – 1973-1976 : Oumar Diallo – 1976-1980 : Abdoulaye Bâ « Zeud » – 1980-1986 : Abdoulaye Fofana – 1986-1988 : Youssoupha Ndiaye – 1988-1990 : Oumar Seck – 1990-1992 : Elhadj Malick Sy « Souris » – 1992-1993 : Oumar Ngalla Ndoye – 1993-1994 : Daouda Faye – 1995-1998 : Aliou Abatalib Guéye – 1998-2000 : Oumar Seck – 2000-2002 : Elhadj Malick Sy « Souris » – 2002-2004 : Saïd Fakry – 2004-2008 : Mbaye Ndoye – 2008-2009 : Mamadou Diagne Ndiaye (CNF) – Depuis 2009 : Me Augustin Senghor
Cheikh Gora DIOP