Dans le Théâtre du Châtelet, toute l’Afrique retint son souffle ce 17 octobre 2022. Vingt-sept ans après George Weah, le Ballon d’Or allait-il enfin revenir sur le continent ? Sur scène, Sadio Mané, l’enfant de Bambali, incarnait ce rêve collectif.
Quelques mois plus tôt, il avait déjà offert au Sénégal une joie historique : la première Coupe d’Afrique des Nations. Buteur à trois reprises, passeur décisif et leader naturel, il avait surtout inscrit le penalty libérateur en finale contre l’Égypte. Son nom était désormais gravé dans la mémoire des Sénégalais.
À Liverpool, Sadio Mané brillait tout autant. La saison 2021-2022 fut l’une des plus accomplies de sa carrière : 23 buts, 5 passes décisives, une FA Cup, une League Cup et une finale de Ligue des Champions disputée. Dans l’ombre médiatique de Salah, il s’était imposé comme l’homme des grands rendez-vous, ce joueur qui ne tremble jamais quand tout se joue.
Mais ce 17 octobre, à Paris, le verdict tomba : deuxième. Karim Benzema, porté par une saison monumentale avec le Real Madrid, raflait le trophée. Pour Mané fair-play, cette place n’avait rien d’une défaite. Jamais depuis George Weah un Africain n’avait approché le Graal. Même Samuel Eto’o ou Didier Drogba, monuments du football mondial, n’avaient jamais atteint le podium.
Quatrième en 2019, deuxième en 2022
Ce n’était pas la première fois que le Sénégalais figurait parmi les prétendants. En 2019, après une saison exceptionnelle, il avait terminé 4ᵉ du Ballon d’Or. Cette année-là, il avait remporté la Ligue des Champions avec Liverpool, atteint la finale de la CAN avec le Sénégal et terminé co-meilleur buteur de Premier League avec 22 réalisations. Beaucoup l’imaginaient sur le podium, mais il avait dû se contenter de la quatrième place derrière l’octuple vainqueur Lionel Messi, Virgil Van Dijk et le quintuple lauréat Cristiano Ronaldo.
En 2022, il est allé encore plus haut. Sa deuxième place reste à ce jour la meilleure performance africaine depuis George Weah. Plus qu’un classement, elle symbolise l’humilité, la résilience et l’efficacité d’un joueur devenu modèle pour toute une génération. Ce Ballon d’Or effleuré représente une reconnaissance et, pour l’Afrique, une promesse : celle qu’un jour, un autre fils du continent soulèvera enfin le strapontin tant convoité chez les footballeurs.
C.G. DIOP