Son absence durant cette fenêtre internationale de juin a surpris, mais les Lions ont répondu présents. Faut-il déjà penser à un avenir sans Sadio Mané en équipe nationale ?
Non convoqué par Pape Thiaw pour les matchs amicaux contre l’Irlande et l’Angleterre, l’attaquant d’Al-Nassr est resté au centre des discussions. Car au-delà de cette non-sélection, c’est la prestation convaincante des Lions sans leur icône qui a relancé une interrogation de fond : le Sénégal est-il toujours dépendant de Sadio Mané ?
À 33 ans, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection (45 buts, 28 passes décisives) reste une légende vivante du football sénégalais. Double Ballon d’Or africain, finaliste du Ballon d’Or France Football en 2022, Mané a été le grand artisan du sacre historique du Sénégal à la CAN cette même année. Mais depuis, la trajectoire du joueur semble s’être infléchie. Son passage timide au Bayern Munich, puis son transfert à Al-Nassr en Arabie Saoudite ont alimenté l’idée d’un choix plus financier que compétitif.
Pourtant, en sélection, Mané reste un joueur décisif. Il a terminé meilleur buteur des Lions lors des éliminatoires à la CAN 2025. Mais derrière les chiffres, le sentiment d’un déclin progressif s’installe : moins tranchant, moins influent dans le jeu. Son absence pour « raisons personnelles » évoqué par le sélectionneur national, a nourri les spéculations sur de possibles tensions. Pape Thiaw, lui, a recentré le débat sur « l’importance du collectif ». Une manière de rappeler que l’équipe nationale n’est plus bâtie autour d’un seul homme.
Et les résultats lui donnent raison : sans leur leader technique, les Lions ont tenu tête à l’Irlande (1-1) et réalisé un exploit face à l’Angleterre à Nottingham (1-3), une première pour une équipe africaine contre les Three Lions.
Ce succès sans leur maître à jouer a mis en évidence l’émergence d’un nouveau souffle offensif. Le trio Jackson – Iliman Ndiaye – Ismaïla Sarr a imposé vitesse et mobilité, tandis que de jeunes talents comme Habib Diarra, Lamine Camara, Cheikh Sabaly, Assane Diao, ou encore El Hadj Malick Diouf s’affirment comme les piliers de demain.
Le leadership de Mané n’est pas contesté dans le vestiaire. Mais sa place dans le onze de départ n’est plus aussi indiscutable. Pape Thiaw, dans la continuité de la transition générationnelle amorcée par Aliou Cissé, pourrait miser sur la forme du moment. Et dans cette dynamique, Sadio Mané risque d’en faire les frais.
Les prochaines rencontres contre le Soudan (1er septembre) et la RDC (8 septembre), décisives dans la course à la qualification au Mondial 2026, diront si Sadio Mané peut encore porter les Lions ou s’il devra endosser un rôle de guide expérimenté, moins central mais tout aussi utile. Un nouveau défi en perspective pour l’ancien Red… et pour le sélectionneur des Lions.
Cheikh Gora DIOP