Au Sénégal, le surf n’est pas l’exclusivité des hommes. De plus en plus de femmes pratiquent ce sport. Khadjou Samb fait partie des porte-étendard de la glisse au féminin… Depuis, de plus en plus de pratiquantes se battent pour gagner leur place dans cette discipline et caressent le rêve d’intégrer la sphère professionnelle du surf.
Tout comme Khadjou, Déguène Thioune fait aussi partie de ces femmes qui ont brisé les barrières. Elle est née au bord de l’eau et a appris, comme beaucoup de natifs de Yoff, à dompter les vagues dès son jeune âge. Déguène avait commencé par le rugby qu’elle a pratiqué de nombreuses années avant de changer de cap. Et très vite, elle a progressé, participant à des compétitions nationales, trustant les podiums de diverses compétitions. Elle a même remporté à plusieurs reprises le championnat du Sénégal et s’est illustrée lors des compétitions internationales comme l’African surfing games. Awa Sika Seck, Tamia Albassi et Aita Diop font également partie des valeurs sûres du surf féminin.
L’ambition de la Fédération sénégalaise de surf est de donner une dimension exceptionnelle au surf féminin. Aujourd’hui, elles sont un peu moins d’une vingtaine de surfeuses licenciées, renseigne Souleymane Mbengue, secrétaire général de l’instance dirigeante. Un nombre qui ira croissant, vu l’engouement noté autour de ce sport de glisse. Même si le surf, autrefois une discipline olympique, a été retiré de la liste des programmes des Jeux olympiques de la Jeunesse, les acteurs de cette discipline sont engagés pour sa marche en avant. Secrétaire général adjoint de la Fédération sénégalaise de surf, par ailleurs coach de l’équipe nationale de surf du Sénégal, Aziz Kane estime que la majorité des clubs sont installés entre Ngor, Yoff, Ouakam et Toubab Dialaw.
« Il y a beaucoup de Sénégalais qui s’intéressent au surf. Nous avons actuellement 5 à 6 clubs. Nous avons des jeunes dans toutes les catégories, et des filles, qui pratiquent également le surf. Pour faire avancer les choses, il faut passer par les clubs», laisse-t-il entendre. Bon pour la santé mentale, le surf est une discipline qui mérite d’être développée, soutient Aziz Kane. Le contexte justifiant ce souhait de rendre plus visible la discipline, Souleymane Mbengue, secrétaire général de la Fédération sénégalaise de surf, indique que sur demande de la Commission d’organisation des Jeux olympiques de la Jeunesse (Joj 2026), la fédération de surf sera en «mode engagement» pour combler son absence à ces joutes.
Le Sénégal veut devenir une référence en matière de surf. Et pour y arriver, la Fédération a mis en place une stratégie de formation pour accompagner au mieux toutes ces graines de champions et les inscrire dans une dynamique de sportifs de haut niveau.
Une économie construite autour du surf
Les îles de Ngor, de Yoff et de Ouakam sont des promesses de découvertes enrichissantes, où la beauté de la nature se mêle harmonieusement à la chaleur humaine des habitants. Principaux lieux de pratique du surf au Sénégal, ces terreaux engendrent de l’économie. On y pêche, on y surfe, on y glisse. Sur tout le long des plages de Ngor et de Yoff, pullulent des boutiques commercialisant des équipements de surf. Même si la restauration engendre plus d’économies, ces commerces servent de vitrines aux clubs de surf pour générer plus de rentrées d’argent. Planches, legsh, ailes, bikinis, maillots de bain, on y retrouve de tout. En fonction des touristes et du temps de l’année, le commerce profite aux gérants.
Pour Aymerick Gomis, qui a grandi sur l’île de Ngor, le surf a admirablement évolué. « Le surf est structuré depuis quelques années et il y a pas mal d’écoles et plein d’activités qui sont organisées. La concurrence est aussi au rendez-vous. « Il reste juste à reconnaître ceux qui sont professionnels et les amateurs », lance-t-il. Le fondateur de Senegliss, qui a ouvert ses portes depuis quelques mois, veut trouver son compte dans ce business. « Notre axe principal, c’est de donner des cours de surf. À côté, on a une mini shop pour faire tourner les affaires. On organise des événements, on vend du café et plein d’autres choses pour attirer les clients », précise-t-il.
Aymerick Gomis a fait du chemin avec le surf. « J’ai passé ma formation à la Fédération française de surf comme moniteur de surf. J’ai aussi vécu quatre ans à l’île de la Réunion. Parallèlement, j’ai aussi pratiqué le bodyboard qui est moins connu que le surf. J’ai même eu à enseigner le hand surf à des personnes à mobilité réduite. Passionné par le Hockey, le bonhomme estime que les touristes sont ceux qui pratiquent le plus le surf au Sénégal.
« Au niveau de la clientèle dakaroise, ce qui fait le caractère d’une école, ce sont les enfants et les adolescents. Alors qu’ici, le problème, c’est que la plupart des familles sénégalaises n’ont pas de moyens pour inscrire leurs enfants. L’autre problème, c’est que la plupart des Sénégalais ne savent pas nager », souligne-t-il. De son côté, Aziz Kane estime qu’aussi, avec le surf, on peut évacuer le stress quotidien et y gagner sa vie. « Nous proposons à Malika Surf Camp des cours de surf pour adultes et enfants. En plus d’être un club affilié à la fédération. C’est un métier comme tous les autres. « De nombreux emplois ont été créés par le surf », analyse-t-il.
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Marième Fatou DRAMÉ