Certains lutteurs ont marqué l’histoire par leurs exploits sportifs avant de se reconvertir après leur retraite. La rubrique « Que sont-ils devenus ? » raconte leur vie après carrière. Aujourd’hui : Tidiane Faye.
Petit de taille mais géant dans l’arène, Tidiane Faye est l’un des lutteurs les plus techniques de sa génération. Surnommé le « Professeur de Lansar », il a marqué les « mbapatt » (tournois de quartier) avant de briller en lutte avec frappe. En 2002, Tidiane Faye découvre les « mbapatt » et s’y distingue par ses prouesses techniques et ses chutes spectaculaires. La même année, il dispute son premier combat en lutte avec frappe face à Monde Mbaye. « Il m’a battu, mais j’ai rectifié le tir en enchaînant deux victoires éclatantes », raconte-t-il.
Très vite, il devient un incontournable des programmes des promoteurs. Avec plus de 30 combats à son actif, il s’est forgé une solide réputation auprès des amateurs. Sa victoire mémorable contre Jaguar de Pikine lors d’un Championnat de lutte avec frappe (Claf) à Kaolack reste encore un sujet de débat tant elle fut spectaculaire. De 2006 à 2008, le protégé de Max Mbargane a porté les couleurs nationales. Pensionnaire de l’équipe nationale de lutte, il a récolté trois médailles d’or, une d’argent et une de bronze dans la catégorie des 65 kg, un palmarès dont il est particulièrement fier. S’il n’a pas encore annoncé officiellement la fin de sa carrière, Tidiane Faye a déjà balisé le chemin de l’après-lutte. Mécanicien pendant huit ans, il a mis fin à cette activité lorsque les grands cachets ont commencé à tomber et qu’il s’est retrouvé tête d’affiche.
Préparant son avenir, il a suivi une formation en garde rapprochée avec 19 autres lutteurs, parmi lesquels Ndiaga Doolé et Thiatou Yarakh. Major de sa promotion, il a été recruté par l’Office national de formation professionnelle (Onfp), avec deux autres lauréats classés deuxièmes ex æquo. Aujourd’hui, tout en poursuivant sa carrière, il se projette déjà vers sa reconversion grâce à un nouveau métier qui lui assure stabilité et avenir.
En effet, conscient que la carrière d’un lutteur peut s’arrêter brutalement, il a choisi de se reconvertir dans la sécurité privée. Ce nouveau métier lui assure des revenus stables, lui permettant de subvenir aux besoins de sa famille tout en gardant la forme pour un éventuel retour dans l’arène. Son parcours est cité en exemple par beaucoup : il illustre la lucidité et l’anticipation nécessaires pour préparer l’après-carrière, une attitude encore trop rare dans le monde de la lutte sénégalaise.
Abdoulaye DEMBÉLÉ