Face à la multiplication des fausses informations et des usurpations d’identité, le Directeur de RFI, Jean-Marc Four, dénonce une situation où les médias sont pris entre des intérêts géopolitiques divergents. Il appelle à une éducation renforcée et à une régulation accrue pour lutter contre la désinformation.
La diffusion d’un deepfake impliquant RFI et France 24 a mis en lumière les défis croissants auxquels sont confrontés les médias internationaux. Selon Jean-Marc Four, Directeur de RFI, cet incident est une nouvelle preuve que « rien n’arrête les faussaires malveillants ».
Jean-Marc Four explique que RFI est régulièrement confrontée à des tentatives d’usurpation d’identité : « Des faux qui usurent nos identités, on en a plusieurs par semaine ». La réaction du média dépend de l’ampleur de la diffusion de la fausse information. « Si l’écho est faible, nous ne faisons rien pour éviter de donner de l’importance à la fausse information », a-t-il fait savoir. Cependant, lorsque la désinformation prend de l’ampleur, une réaction s’impose. Pour Jean-Marc Four, la fabrication de fausses informations vise au moins deux cibles : le média lui-même et les personnes visées par le contenu. Dans le cas du deepfake sénégalais, il y avait « forcément une cible de politique intérieure sénégalaise ».
Moyens de lutte et limites
Dans un contexte de manipulation, le Directeur de RFI fait savoir que l’organe dispose « d’une cellule de fact-checking utilisant des techniques modernes pour repérer les fausses informations ». Une procédure d’alerte interne permet de signaler rapidement les contenus suspects.
Cependant, Jean-Marc Four reconnaît que « le démenti peut avoir moins d’écho que la fausse information de départ ». Il souligne également l’inégalité de la lutte : « Fabriquer une information avec les techniques modernes peut prendre quelques minutes, alors que la déconstruire prend de nombreuses heures. La technologie favorise le faussaire ».
Géopolitique de la désinformation
Jean-Marc Four pointe du doigt l’origine russe de nombreuses fausses informations en Afrique : « Quand on remonte la piste, on finit toujours par trouver un point RU au point de départ ». Il est revenu également sur la nouvelle méthode des dirigeants américains de libéraliser l’information. Selon lui, les réseaux sociaux américains « laissent circuler n’importe quoi. Nous sommes pris entre Washington et Moscou ».
Pour Jean-Marc Four, la solution passe par l’éducation des citoyens et la régulation par les gouvernements6. « La vraie réponse, c’est que la réponse principale, elle passe par l’éducation des gens ». Il ajoute que l’Union européenne a mis en place des directives comme le DSA pour réguler les réseaux sociaux.
Cheikh Tidiane NDIAYE