À 32 ans, Ndiaye Dia trace le sillon d’une Afrique numérique affranchie des dépendances. Fondateur de l’Institut des algorithmes du Sénégal, co-initiateur de Jàngat.ai et du Salon des algorithmes, ce jeune ingénieur incarne une génération qui ne se contente plus de consommer la technologie, mais l’invente, la questionne et l’adapte aux réalités locales. Entre engagement éthique, plaidoyer international et initiatives concrètes, il bâtit un écosystème numérique africain fondé sur la souveraineté, l’inclusion et le savoir partagé.
Il parle comme on sculpte. Avec économie. Avec élégance. Avec une lumineuse maîtrise. À écouter Ndiaye Dia, l’on songe à Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». Ici, tout est harmonie. Sa parole épouse la pensée dans une clarté sans fard, servie par un français ciselé, à la fois sobre et raffiné. Chaque mot tombe avec justesse, comme une note au sein d’une partition parfaitement réglée. Posé, le regard droit, la voix tempérée d’un calme radieux, il incarne une autorité sans fracas. À l’image d’un journaliste radiophonique, il pratique l’art du 3C : court, clair, concis, avec une aisance désarmante.
Rien d’accessoire, tout d’essentiel. Son regard ? Un axe. Il ne papillonne pas : il perce. Il dit la vision. Il dit la trajectoire. Il dit la foi tranquille d’un homme qui sait. L’assurance d’un bâtisseur en silence. Et dans cette noblesse contenue, l’élégance d’un boubou traditionnel, drapé sur une silhouette sobre. Le tissu épouse l’âme. Teint clair, verbe limpide, esprit lumineux : Ndiaye Dia semble tissé d’une même étoffe. Celle de ceux qui écrivent l’avenir sans bruit, ligne par ligne, algorithme après algorithme.
À 32 ans déjà, Ndiaye Dia, fondateur de l’Institut des algorithmes au Sénégal, incarne une Afrique qui code son destin, une Afrique qui pense, crée et transmet. Depuis très jeune, il a toujours été attiré par la logique et la résolution de problèmes. Ce qui, naturellement, l’a conduit vers les mathématiques. Mais ce sont les algorithmes qui ont véritablement éveillé en lui une fascination profonde : leur capacité à transformer un raisonnement abstrait en actions concrètes, à créer de l’intelligence à partir de simples instructions. Ndiaye découvre l’informatique comme un prolongement naturel des mathématiques, un terrain d’expérimentation où l’on peut modéliser, simuler, optimiser… très rapidement. « Très tôt, j’ai été convaincu que les algorithmes allaient jouer un rôle central dans la transformation de nos sociétés, et je voulais en être acteur », confie-t-il, guilleret.
Un homme résilient En effet, cette conviction le pousse à s’investir dans des formations exigeantes, à l’École polytechnique puis à Toulouse, et à orienter son parcours vers l’intelligence artificielle, où les algorithmes sont au cœur de tout. « Au-delà de l’aspect technique, ce qui me motive vraiment, c’est l’impact : créer des systèmes intelligents qui résolvent des problèmes réels, améliorent des processus, facilitent l’accès à l’information ou ouvrent de nouvelles possibilités pour les entreprises comme pour les individus », explique M. Dia.
Originaire de Keur Matar Daro, un village niché dans la région de Thiès, Ndiaye Dia grandit entre les valeurs du terroir et l’ambition d’un avenir façonné par le savoir. Aîné d’une famille résolument tournée vers l’éducation, il surmonte très tôt les défis liés aux démarches administratives, notamment deux interruptions scolaires causées par des problèmes d’état civil. « Loin de m’avoir freiné, ce parcours jalonné d’obstacles a renforcé ma détermination », confie le jeune homme.
Après ses études dans les écoles de Notto Diobass et de Malika, il décroche le baccalauréat, puis intègre l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. En 2017, il y obtient une licence en mathématiques et informatique. Il rejoint ensuite l’École polytechnique de Paris, l’une des institutions scientifiques les plus renommées au monde, grâce à une bourse d’excellence octroyée par le gouvernement sénégalais. Spécialisé en sciences du numérique, réseaux-télécoms et intelligence artificielle, Ndiaye Dia effectue ses premières expériences professionnelles au sein de grandes entreprises de la tech, où il travaille sur des modèles d’intelligence artificielle appliqués à l’analyse de données textuelles. « En pleine pandémie, j’ai également mis mes compétences au service de mon pays d’origine, en collaborant à distance avec des chercheurs de l’Université virtuelle du Sénégal sur la modélisation de la propagation du Covid-19 », rappelle-t-il.
Mais au-delà de son parcours académique remarquable, Ndiaye Dia est un entrepreneur du savoir. En décembre 2020, il fonde l’Institut des algorithmes du Sénégal (Ias). Plus qu’un centre de recherche, l’Ias est un espace d’apprentissage, de réflexion et de co-construction technologique, pensé pour démocratiser les savoirs numériques. Refusant les modèles élitistes, il œuvre pour une tech accessible à tous, ancrée dans les réalités africaines. Au service de son pays Dans cette même dynamique, il initie, en 2021, le Salon des algorithmes, des sciences, des technologies et de l’innovation du Sénégal (Saltis). « L’objectif de cette initiative était de désacraliser les sciences, d’éveiller des vocations et de bâtir des ponts entre l’école et l’avenir », explique l’informaticien.
Toujours guidé par une vision d’impact local et durable, l’homme de taille moyenne co-fonde et dirige également Jàngat.ai, une startup innovante basée au Sénégal, spécialisée dans les technologies de l’intelligence artificielle générative (GenAI) : « Jàngat développe des solutions adaptées aux besoins locaux, en alliant innovation, accessibilité et impact social durable. » Un homme de savoir mais humble. « Travailler avec Ndiaye Dia, c’est rencontrer une intelligence rare portée par une humilité désarmante et une énergie profondément positive. Visionnaire », témoigne Wedji Kane Dia, cofondatrice de l’Institut des algorithmes du Sénégal et coordinatrice du Saltis 2025.
Et de poursuivre : « Toujours à l’écoute, il a cette capacité unique à rassembler l’écosystème, à créer de la confiance et à transformer les idées en actions concrètes. Il place toujours le Sénégal au cœur de ses engagements ». Ndiaye Dia, fidèle à lui-même, reste ce professionnel toujours prompt à voler au secours des autres. « On a commencé à collaborer en 2022. C’est quelqu’un d’une grande humilité, profondément généreux, toujours prêt à offrir de son temps, de son énergie. Il sait créer des opportunités là où d’autres ferment les portes », témoigne Mor Kairé, un collègue, avant d’ajouter : « Il m’a véritablement boosté sur plusieurs projets ».
En avril 2024, sa voix porte jusqu’à New York. Invité au prestigieux Forum de la jeunesse de l’Ecosoc des Nations Unies, Ndiaye Dia y plaide pour une Afrique actrice de sa propre transformation, soulignant avec conviction le rôle stratégique des technologies dans la lutte contre la pauvreté et la réalisation des Objectifs de développement durable. La même année, il est sélectionné pour intégrer « Leading the Future 2030 », une initiative des Nations Unies qui réunit un cercle restreint de jeunes leaders mondiaux engagés autour de l’innovation, du développement durable et de la transformation des sociétés à l’horizon 2030. « Ndiaye Dia est un acteur majeur dans l’écosystème numérique au Sénégal », affirme M. Kairé, témoin de son ascension et de son influence croissante.
Adama NDIAYE