La société israélienne NSO Group a été condamnée mardi par un jury d’Oakland (Californie) à verser près de 168 millions de dollars de dommages et intérêts à Meta pour avoir piraté des téléphones via la messagerie WhatsApp. Il aura fallu cinq ans et demi à cette procédure pour aboutir, NSO ayant contesté la légalité d’un procès jusque devant la Cour suprême.
C’est une victoire retentissante pour Meta. Mardi 6 mai, un jury américain a condamné la société israélienne NSO Group, à l’origine du logiciel espion Pegasus, à verser plus de 167 millions de dollars (soit environ 147 millions d’euros) à la firme de Mark Zuckerberg. Il lui est reproché d’avoir piraté l’application de messagerie sur environ 1400 téléphones portables.
Meta accuse en effet NSO Group d’avoir accédé aux serveurs de WhatsApp et d’avoir exploité, en 2018 et en 2019, une faille dans son service liée aux appels audio, afin d’espionner notamment des dissidents politiques, des militants des droits de l’homme et des journalistes. Parmi les quelque 51 clients de ce logiciel espion, le Mexique, l’Arabie saoudite et le Maroc. En 2021, une enquête journalistique menée par plusieurs médias internationaux, dont Le Monde en France, avait dévoilé une liste d’individus ciblés par Pegasus.
NSO Group avait déjà été reconnu coupable dans le cadre de son procès contre Meta aux Etats-Unis, en décembre dernier. La justice américaine avait conclu que la start-up israélienne avait bel et bien enfreint les lois fédérales et californiennes sur le piratage ainsi que les conditions d’utilisation de WhatsApp. L’affaire avait été ensuite portée devant un jury chargé de quantifier les dommages et intérêts dus à Meta.
« Notre procès est entré dans l’histoire »
C’est cette dernière étape procédurale qui s’est achevée mardi. « Notre procès est entré dans l’histoire en tant que première victoire contre les logiciels espions illégaux qui menacent la sécurité et la vie privée de chacun », s’est félicité Zade Alsawah, porte-parole de WhatsApp, dans un communiqué, qualifiant ces dommages et intérêts de « moyen de dissuasion essentiels pour cette industrie malveillante ».
Cheikh Tidiane NDIAYE