Alors que le Sénégal a l’ambition de produire localement un médicament sur deux d’ici 2035, Téranga Pharma se positionne comme un acteur clé dans la relance de l’industrie pharmaceutique nationale. Hier, à la zone industrielle de Mbao, l’entreprise a lancé le projet de modernisation de son usine. Un investissement de 4 milliards de FCfa sera mobilisé entre octobre 2025 et mars 2027.
RUFISQUE – « Nous sommes réunis pour marquer le point de départ de la contribution de Téranga pharma à la longue marche vers la souveraineté pharmaceutique », a indiqué, hier, son Président du conseil d’administration (Pca), Aimé Sène, lors du lancement de la modernisation de son usine. La cérémonie a été présidée par le ministre de l’Industrie et du Commerce (Mincom), Dr Serigne Gueye Diop, et lse directeur de cabinet du ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, Samba Cor Sarr. Selon le Pca de Téranga pharma, cette évolution s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’axe 3 du plan stratégique 2020-2030 défini par l’entreprise.
Ainsi, renseigne-t-il, un investissement à hauteur de 4 milliards de FCfa est prévu entre octobre 2025 et mars 2027. Aimé Sène annonce que l’inauguration de la nouvelle usine moderne, qui, d’après lui, sera conforme aux normes Oms, se fera au cours du premier trimestre 2027. Le directeur de Téranga pharma, Mouhamadou Sow, souligne que ce projet est guidé par une logique de santé publique, autrement dit, « répondre aux besoins des populations à des coûts réduits ».
À cet effet, il précise que cet ambitieux projet aura un impact aussi bien sur le plan économique que sanitaire à travers la quête de la souveraineté pharmaceutique. « En décembre 2026, l’usine va générer 306 emplois directs. Elle permettra de réduire les importations à plus de 25 milliards de FCfa par an à partir de 2027 et à plus de 50 milliards de FCfa par an à partir de 2030 », a-t-il dit.
Outre ce projet qui inclut un transfert de technologie, il vise à réduire les coûts des médicaments 2027-202 ? et à proposer des traitements sûrs, efficaces, de qualité à coût abordable pour traiter 90 % des maladies les plus fréquentes au Sénégal. « D’ici 2030, nous voulons arriver à avoir une souveraineté pharmaceutique pour 75 molécules qui vont combattre les maladies fréquentes », ambitionne-t-il.
Ces produits se rapportent, entre autres, aux : antiparasitaires, antalgiques, anti-inflammatoires, pénicillines, antihypertenseurs, antidiabétiques, statines, antiallergiques, antianémiques, anticancéreux, antidrépanocytaires, antipaludiques, vitamines, antifongiques, etc. Taxe pour les médicaments Le ministre Serigne Gueye Diop, au-delà de magnifier l’audace et la vision de Téranga pharma, s’inscrivant en droite ligne de la volonté de relancer l’industrie pharmaceutique, annonce des mesures pour impulser cette dynamique. « La pharmacie est un secteur important. Nous dépendons à 85 % de l’extérieur », regrette-t-il. Ces mesures se rapportent à l’incitation fiscale, la politique de protection et la mise à disposition de surface dans la zone industrielle de Touba. Pour le premier aspect, le ministre a promis de détaxer les matières premières qui rentrent dans la fabrication des médicaments. « Cette mesure permet à nos entreprises d’être compétitives », indique-t-il. À côté, cette politique vise à encourager leur fabrication locale. Dans cette logique, Serigne Gueye Diop annonce une taxe pour les médicaments qui seront importés.
Celle-ci vise à protéger le marché. Pour la relance de l’industrie pharmaceutique, le ministre entend octroyer sur la zone industrielle dédiée de Touba, 50 ha exclusivement à l’industrie pharmaceutique pour la fabrication de tout ce qui est matériel biomédical, appareils chimiques et biochimiques, en somme toute la chaîne de valeur.
Mohamed DIENE (Correspondant)