En train et en voiture, les pèlerins continuent d’affluer à Tivaouane à l’occasion du Gamou ou Mawlid. La ville de Seydi El Hadji Malick refuse du monde en cette veille de Gamou, célébrant la naissance du Prophète. Les grandes artères menant aux différentes zawiyas sont presque transformées en chaussées humaines, car les marées de fidèles empêchent les quelques voitures disposant d’une autorisation spéciale de passer. Ce sont des croyants de tout âge et de tout sexe, traînant ou portant des sacs et/ou des valises sur la tête.
Tivaouane a fait le plein en ce jour de Gamou. Des milliers de pèlerins ont investi la ville et, particulièrement, la zone des mausolées pour effectuer leur ziarra. Ils s’entassent les uns contre les autres, suivant des files interminables en direction des différents mausolées. Par moments, rien ne bouge et avancer devient risqué pour les plus faibles. Mais personne ne veut abandonner. Tous sont déterminés à arriver à destination, comme si chacun tenait à témoigner à Seydi El Hadji Malick Sy et à ses khalifes de sa présence à Tivaouane, répondant à l’appel pour la célébration de la naissance du Prophète (PSL). Les éléments du Coskas, préposés à l’accueil et à l’orientation, peinent à contenir les foules, sous le regard de quelques agents de sécurité venus les renforcer.
Malmenée dans le rang menant vers la zawiya de Serigne Babacar Sy, Sokhna Oumou, froissée et en sueur, déclare qu’elle est venue à Tivaouane pour faire son ziarra et vivre des moments de recueillement, et non en touriste. Donc, elle est prête à braver les épreuves, affirme-t-elle. Les sacs en carton offerts pour la garde des chaussures sont transformés en éventails pour tenter de faire face à la chaleur suffocante. Lasse de rester debout, Maguette Mbengue s’assoit à même le sol en attendant de se recueillir devant la tombe de Serigne Babacar Sy. La sexagénaire, native de Sakal, dit ne plus tenir sur ses jambes à cause de l’âge. Malgré la fatigue, elle compte suivre la file jusqu’au bout.
« J’ai hâte que mon tour arrive pour que je puisse me recueillir et prononcer mes vœux », dit-elle, confiante.
Les rues et ruelles transformées en zones marchandes
Le décor est quasiment le même dans les rues et ruelles de Tivaouane. Elles sont toutes transformées en zones marchandes, changeant complètement le visage de la commune, devenue un énorme bazar. La circulation est indescriptible : charrettes, motos Jakarta, Peugeot 7 places, bus, véhicules particuliers, personne ne veut céder le moindre mètre. Chacun fait comme il l’entend. Pas de respect du code de la route. « Nous sommes en période de Gamou, tout est permis », semblent-ils dire. Parfois, sous le regard impuissant des forces de sécurité.
Aux HLM, le quartier rompt avec sa quiétude d’antan. Des tentes sont dressées devant plusieurs maisons. Des bœufs déjà immolés ou prêts à être sacrifiés sont attachés çà et là. Dans la cuisine, deux hommes s’affairent devant quatre grandes marmites entourées de grands bols contenant des pommes de terre coupées en grosses rondelles et en tranches.
Ibrahima Ndiaye et Fatou Sy