Elle symbole d’africanité, de prospérité, de fécondité, de solidarité et d’abondance. Et aujourd’hui, malgré le génie créateur des industriels de la vaisselle, la calebasse africaine fait partie de ces ustensiles qui résistent encore au temps et à la modernité.
Elle n’est pas uniquement un simple récipient ou ustensile semi-ovale, à la forme arrondie et à la surface lisse. La calebasse africaine est un accessoire traditionnel polyvalent, issu du fruit séché du calebassier Crescentia Cujete.
Façonnée par la nature, elle évoque, chez certaines cultures africaines, la cuisine, l’abondance, la fécondité et symbolise la femme, la mère, le foyer. « La calebasse est symbole de prospérité et de fécondité. Si on y met de l’argent, on ne fera que prospérer, surtout pour les commerçants », explique Aïda Sow, vendeuse de calebasses rencontrée à Ndiassane, dans la commune de Tivaouane.
Cette jeune femme, la quarantaine, fait partie des nombreux vendeurs qui rallient ce village religieux depuis des décennies pour fructifier leur business lors de la célébration du 7ᵉ jour de la naissance du Prophète Mouhamed (Psl), commémoré le 11 septembre dernier.
Assise sous l’ombre d’une petite tente faite de palissade et de sacs de riz vides, elle cause avec les autres membres de sa famille en guettant les pèlerins. Dans cette cité religieuse, les calebasses restent les objets les plus en vue. Elles sont posées par terre par lots, entassées avec des filets de pêche abimés ou juste exposées sur des tables en fonction de leur grandeur.
Interpellée sur la symbolique de cet ustensile, elle poursuit son narratif : « Auparavant, nos mamans utilisaient la calebasse quand elles allaient au marché et cela forgeait le respect et l’admiration à leur égard. Et puis, rien n’est plus magnifique d’une drianké qui part au marché avec sa calebasse posée sur la tête. C’est ça la vraie femme africaine. »
Une clientèle majoritairement féminine
À quelques pas d’elle, une femme marchande chez un jeune vendeur de calebasses. « Je veux une petite calebasse pour y mettre de l’argent quand je vends mes légumes. J’ai entendu dire que c’est un symbole de prospérité », dit-elle.
Au bout de quelques minutes de marchandages, elle décroche sa petite calebasse à 500 f CFA et s’éclipse avec fierté. De son côté, le vendeur assis sous le soleil poursuit son travail. Avec une lame bien lisse, il lime les bordures des calebasses pour mieux séduire les clients.
Hamidou Keïta, puisque c’est de lui qu’il s’agit, vient à Ndiassane depuis 2019. Issu d’une famille de vendeurs de calebasses, il confie que leurs clients sont principalement les femmes. « Les hommes, on les voit rarement. Il y a aussi les marabouts qui les utilisent aussi pour les besoins de bains mystiques », rapporte-t-il.
Au-delà, Hamidou vend aussi aux grossistes. À ce propos, il indique qu’il commercialise les grosses calebasses 1750 et 2500 francs CFA, pour celles de taille moyenne c’est 1750 et 1500 francs CFA. Pour le lot de calebasses entre 70 000 et 150 000 francs CFA. Ils font 40, 50, voire 80 calebasses.
« Il n’y a pas de prix fixe. Il y a aucun des lots qu’on vend entre 100 et 150 mille francs CFA. Tout dépend de la taille et du nombre des calebasses. Nous importons ces calebasses du Mali. Il arrive que je me déplace jusqu’à Kayes. Il arrive aussi que mon grand-frère me les envoie », narre-t-il.
Des objets de décoration
À l’instar de Hamidou, Arame Keïta avoue également qu’il n’y a pas de prix fixe. Et en dehors des usages traditionnels des calebasses, elle affirme que les calebasses servent aujourd’hui d’objets de décoration.
« Les choses marchent tout à tout, surtout avec l’avènement des henné-times. À un moment, la vente des calebasses était vraiment au ralenti, mais depuis l’arrivée du henné-time, cela a boosté les choses. Les gens l’utilisent pour la décoration et autres », soutient-elle toute souriante.
D’ailleurs, contrairement aux deux vendeurs, Arame ne vend pas uniquement les calebasses à l’état naturel. Sur son étalage, on les retrouve avec plus de créativité. Calebasses gravées et pyrogravées en noir avec différents motifs.
« C’est de l’art. Nous tentons d’embellir les calebasses pour attirer plus de clientèle et c’est ce qui fait la différence des prix. Par exemple, si une calebasse simple coûte 1000, celle avec des dessins de même diamètre est vendue à 1500 francs », précise-t-elle.
Mariama DIEME