Le Sénégal possède une richesse naturelle exceptionnelle. Ses parcs et réserves constituent de véritables sanctuaires de biodiversité. La réserve de Bandia, située dans le département de Mbour, entre Sindia et Nguekokh, fait partie de ces trésors. Ce joyau écologique, caché dans un cadre magique, abrite une diversité d’espèces animales. Entre faune fascinante et paysages paisibles, ce cadre enchanteur offre une expérience immersive inoubliable.
Pour les amateurs de safaris, Serengeti, Etosha, Kruger et Masaï Mara constituent sans nul doute une destination de choix du fait de la richesse de leur faune, de la beauté des paysages. Mais pour les Sénégalais, amoureux de la nature, pas besoin d’aller jusqu’en Tanzanie, en Namibie, en Afrique du Sud ou au Kenya pour assouvir leur curiosité et vivre une expérience inoubliable. Le pays regorge de trésors naturels et culturels et offre de nombreuses options pour les amateurs de safaris. À côté du parc national Niokolo Koba et du parc national des oiseaux du Djoudj, la réserve de Bandia, située à 65 kilomètres de la capitale, Dakar, constitue l’une des curiosités qui offre des sensations. Cette première réserve naturelle du pays, est une destination moins connue mais fascinante.
Avec sa superficie de 3.500 hectares et son environnement naturel époustouflant, son écosystème abrite une vie dense et diverse. Une escapade touristique dans cette oasis de tranquillité, loin de l’agitation du monde moderne, est une belle occasion pour observer une faune dense, diversifiée. Le cadre est enchanteur, charmant et parfois donne l’impression que le temps s’est arrêté, pour permettre à cette biodiversité de s’épanouir. Que l’on soit novice ou habitué des safaris, la réserve de Bandia captive. Sa flore et sa faune, d’une incroyable beauté, subjuguent, impressionnent, fascinent. Le paysage est composé de baobabs avec leur tronc plus ou moins volumineux, dispersé généreusement dans l’étendue luxuriante de la réserve.
Telles des sentinelles silencieuses, ces arbres emblématiques, symboles de résilience multiséculaire et témoins silencieux des traditions et histoires qui se transmettent de génération en génération, sont aujourd’hui menacés en raison de l’exploitation minière dans la zone. À Bandia, la densité animalière n’y est pas aussi impressionnante que dans les grandes réserves sud-africaines ou kényanes. Cependant, le visiteur peut y vivre une expérience ineffable. Une visite guidée avec Georges Rezk, un des propriétaires des lieux, permet de découvrir les trésors cachés de Bandia.
Ce sanctuaire exceptionnel qui attire les passionnés de la nature venus du monde entier à la recherche d’une expérience immersive, dans ce joyau écologique, constitue un véritable refuge pour une multitude d’espèces animales et végétales. Ici, la nature est reine et chaque pas est une invitation à la rencontre de sa richesse faunistique remarquable, à la découverte des subtilités de son écosystème. C’est aussi une invite à ressentir la sérénité, émanant de ce sanctuaire écologique. Le visiteur n’y entendra pas le rugissement d’un lion, le feulement d’un léopard ou le barrissement des éléphants ; ces paisibles mastodontes qui adorent s’arroser et se rouler dans l’eau.
Expérience immersive avec les crocodiles
Il y croisera les autruches dandinant sur les sentiers, picorant des graines de maïs. De loin, il pourra observer les véloces girafes s’abreuvant dans l’un des nombreux cours d’eaux éparpillés dans la réserve, l’emblématique rhinocéros blanc, les Élands de Derby ou Kobas se prélassant aux pieds des baobabs et acacias. Un spectacle impressionnant ! Dans la réserve, pas de grands carnassiers, hormis les crocodiles et hyènes tachetées confortablement installées dans un enclos qui permet une observation à 360 degrés. Dans cet espace cohabitent également zèbres, buffles, Elands du Cap, oryx, hippotragues rouans, nyalas, épis defassa, épis de Buffon, impalas, gazelles dama, gazelles à front roux, cobs de fassas, grands koudous, phacochères, singes patas, singes verts. Sans compter une centaine d’espèces d’oiseaux. La plupart des animaux se laissent approcher. Bandia, c’est aussi sa mare aux crocodiles. Difficile de venir dans la réserve sans faire un tour sur le site qui s’est imposé comme une référence dans le domaine de la protection de ces espèces menacées.
Et de tomber sous leur charme. Une centaine de crocodiles de taille différente se prélassent, la tête hors de l’eau. Immobiles, guettant tranquillement leurs proies. Sous leur calme apparent se cache un prédateur féroce. Le moindre bruit les dérange et les fait disparaître dans l’eau. Ces crocodiles ne sont pas tombés du ciel avec la pluie. Ils sont un cadeau de Gérard Wartraux, propriétaire de la ferme de Djibélor, dans la commune de Ziguinchor. Un lac artificiel a été creusé dans les années 2000 pour héberger les reptiles, selon Georges Rezk. « Au départ, ils n’étaient que deux, un mâle et une femelle. Aujourd’hui, ils se sont multipliés à une grande vitesse et forment une colonie de plus d’une centaine de spécimens », fait-il savoir.
Quelqu’un qui veut voir des crocodiles en vrai, sera bien servi, en faisant un petit détour à la mare, qui jouxte le restaurant où il est interdit de nourrir les singes. En effet, l’aménagement réalisé offre une occasion rare de voir ces reptiles de près, dans des écosystèmes soigneusement recréés pour imiter leur habitat naturel. Et aussi une occasion de contempler leur agilité. Une attraction pour les touristes et autres visiteurs, qui viennent souvent s’offrir une expérience immersive et observer de près ces reptiles aquatiques ovipares et carnivores et les prendre en photos.
Le braconnage, une atteinte à la biodiversité
Pour voir les crocodiles en action et découvrir leurs grandes gueules et leurs puissantes mâchoires, il suffit de leur jeter des poulets ou des morceaux de viande. Selon Pape Ndiaye, responsable du terrarium, le crocodile, pour tuer ses proies, les noie d’abord puis les avale sans les mâcher. Selon lui, un crocodile peut rester de longues périodes sans manger. Depuis plus de deux décennies, ces puissants reptiles redoutés sont là, plus nombreux. Comme les gardiens silencieux des lieux, ils continuent de drainer des milliers de visiteurs, attirés par le mystère entretenu autour de leur existence.
A la réserve de Bandia, l’ennemi numéro de ces espèces reste le braconnage. Cette pratique a des conséquences dévastatrices pour la faune, met en péril la biodiversité, en décimant des espèces menacées, perturbe les écosystèmes. Malgré les nombreuses actions entreprises pour lutter contre l’action néfaste de l’homme, l’intensification des patrouilles de gardes, les animaux ne sont pas hors de danger. Le rhinocéros, espèce emblématique gravement menacée, a été écorné pour décourager les braconniers. En effet, sa corne, très prisée pour ses supposées vertus médicinales et très recherchée sur le marché noir, est vendue à prix d’or. Cet écornage constitue un moyen d’épargner ce mammifère. Chaque acte de braconnage résonne comme un cri d’alarme de Georges Rezk. Selon lui, il urge d’agir pour protéger la faune et la flore de la réserve.
Un objectif de 200.000 touristes annuels
Stopper l’hémorragie nécessite, selon lui, la mise en place d’un arsenal anti-braconnage efficace, notamment des stratégies de protection innovantes, un dispositif de contrôle renforcé pour surveiller et sanctionner les infractions à la législation en matière de chasse et de protection de la faune. Et un soutien accru de l’État pourrait aider à inverser cette tendance désastreuse. Chaque année, la réserve de Bandia attire une multitude de voyageurs en quête de nature sauvage. Cependant, la fréquentation tourne autour de 70.000 visiteurs par an, selon Georges Rezk.
« Notre objectif est d’atteindre les 200.000 voire 300.000 touristes, mais pour l’instant, on est loin du compte », dit-il, soulignant qu’il y avait une hausse de fréquentation après la Covid-19. Après de longs mois de confinement, les Sénégalais ont commencé à fréquenter la réserve de Bandia qu’ils ne connaissaient pas bien. « Ils croyaient que les tarifs étaient très chers alors ce n’est pas le cas par rapport à l’investissement. C’est moins cher comparé à l’Afrique du Sud, au Kenya ou encore à la Namibie où il faut casquer pour faire du safari.
La réserve de Bandia est toute proche de la station balnéaire de Saly et se trouve à une soixantaine de kilomètres de Dakar. Donc, c’est une opportunité pour les amoureux de la nature de venir la visiter », avance M. Rezk. Il indique que les principaux clients de la réserve restent les hôteliers qui leur amènent beaucoup de visiteurs. Atteindre l’objectif de la direction, reconnaît-il, nécessite des stratégies, notamment beaucoup de promotion pour attirer davantage les Sénégalais, des visiteurs de la sous-région. L’introduction de nouvelles espèces fait aussi partie des perspectives.
Par Samba Oumar FALL