Dans le monde du numérique, où les données sont reines et les menaces omniprésentes, Babacar Charles Ndoye s’impose comme une figure incontournable. Cet expert en sécurité des systèmes d’information, fort de plus de 25 ans d’expérience, a bâti une carrière internationale jalonnée de postes prestigieux et d’engagements panafricains.
Le sourire ne me quitte jamais. Au contraire, il est contaminant. Dans un restaurant huppé de Dakar, il distille sa bonne humeur au tour de lui. La cybersécurité est sa matière, mais également, le centre de ses échanges. À la tête de son cabinet de conseil et de formation, Babacar Charles Ndoye accompagne États et entreprises, tout en gardant un regard critique et humaniste sur les défis technologiques et sociétaux de son pays natal, le Sénégal.
À Dakar, il fréquente l’école primaire Liberté 1, près de la caserne des sapeurs-pompiers, puis le collège Saldia et, brièvement, le lycée Lamine Gueye. Élève brillant, il devient “homariste” – une référence à une formation d’élite – avant de s’envoler pour la Suisse, initialement pour des études supérieures. Ce séjour, qu’il pensait temporaire, s’étend sur 25 ans. “Dieu en a décidé autrement”, confie-t-il avec un sourire. La Suisse devient son creuset : il y décroche des diplômes supérieurs, développe une éthique professionnelle rigoureuse et devient père pour la première fois, son aîné naissant à Genève. Ce pays, qu’il décrit comme un modèle de “savoir-faire et de savoir se comporter”, le marque profondément.
C’est en Suisse que Babacar forge son expertise en informatique, suivant l’évolution des technologies jusqu’à se spécialiser dans la cybersécurité. “On ne peut pas parler de digital sans la sécurité”, martèle-t-il. Pour lui, elle est le socle de toute stratégie numérique, comparable à une maison sans portes ni fenêtres ou à un pays sans armée. Cette conviction guide sa carrière, qui l’amène à collaborer avec des géants mondiaux dans des secteurs aussi variés que le luxe, la pétrochimie ou l’agroalimentaire.
Un Parcours dans les Géants Mondiaux
Le CV de Babacar impressionne par sa diversité. À Lausanne, il conseille Philip Morris International, collaborant avec son ami Jason Martins sur des projets informatiques pionniers. Il travaille ensuite pour Nestlé et Procter & Gamble, avant de prendre en charge les opérations informatiques d’INEOS, leader mondial de la pétrochimie. Mais c’est chez Richemont, troisième groupe mondial du luxe (propriétaire de Cartier), qu’il vit un tournant décisif. Après des années de candidatures sans réponse, il est contacté alors qu’il travaille à Bangkok pour une autre firme suisse. “Je savais que c’était Richemont”, raconte-t-il, amusé par cette intuition. Nommé chef de projet senior pour les initiatives de cybersécurité, il se souvient de son incrédulité dans l’avion : “J’espère qu’ils ne se sont pas trompés de profil.” L’entretien final, presque une formalité, marque le début d’une aventure qui renforce sa confiance et son expertise.
Plus récemment, Babacar est mandaté par l’Union Européenne pour une mission en Côte d’Ivoire. En tant que chef de mission, il pilote la mise en place d’une plateforme d’interopérabilité entre le ministère de l’Économie et des Finances, la Direction générale des Impôts et les Douanes. Expert en gouvernance des données, il dirige une équipe d’avocats fiscalistes et de colonels de douane, aboutissant à une stratégie aujourd’hui opérationnelle. Cette réussite illustre sa capacité à fédérer des expertises variées pour des projets complexes.
Un Engagement pour l’Afrique et le Numérique Inclusif
À la tête de son cabinet de conseil, Babacar accompagne États et entreprises en cybersécurité et en formation. Il dispense lui-même des cours sur des sujets pointus : gouvernance des données sensibles, protection des actifs critiques, sécurité physique et systèmes de renseignement. Avec une équipe de consultants africains et européens, il intervient en Guinée, au Congo et au Kenya, souvent depuis Dubaï, où se tiennent ses formations. Ces missions vont au-delà de l’enseignement : élaboration de politiques de sécurité, catalogues de risques, mise en place de socles numériques robustes. Actuellement, il forme les équipes d’un grand groupe international de l’énergie et du pétrole, dont il tait le nom par discrétion.
Au Sénégal, Babacar porte un regard nuancé sur le “New Deal”, un plan visant à accélérer la transition numérique. Il salue son potentiel économique et social, mais regrette une lacune majeure : l’absence d’intégration du secteur informel, qui domine l’économie, et des populations non initiées au digital. “On n’a pas tenu compte de comment les inclure pour qu’ils comprennent les enjeux”, déplore-t-il. Pour lui, une digitalisation réussie doit être inclusive, expliquant les bénéfices du numérique pour un développement socio-économique équitable.
Babacar Ndoye n’est pas qu’un technicien. Il est aussi un homme de valeurs, guidé par une éthique intransigeante et une aversion profonde pour l’injustice, qu’il proclame sur son profil Facebook depuis ses débuts. “Je déteste l’injustice”, affirme-t-il, une devise qui imprègne son travail. Il alerte sur les menaces internes aux organisations, où le manque d’éthique alimente des risques croissants. “On ne peut pas évaluer la moralité d’une personne”, note-t-il, plaidant pour des cadres rigoureux dans les entreprises et administrations.
Il se définit comme un “apprenant” : “Je n’ai pas honte de dire que je ne sais pas tout.” Cette ouverture lui permet de s’entourer d’experts et d’enrichir ses connaissances, qu’il voyage en Afrique, en Europe ou à Dubaï. Cette curiosité intellectuelle s’accompagne d’une passion pour la transmission : il enseigne avec ferveur, convaincu que la cybersécurité est une discipline essentielle pour protéger le monde numérique.
Un Homme aux Multiples Facettes
En dehors des salles de réunion, Babacar cultive une vie rythmée . Ancien karatéka ceinture noire deuxième dan, il a troqué les tatamis pour la marche, le ski en Suisse ou l’équitation. Passionné d’aéronautique – fruit de dix ans dans l’aviation à Genève comme étudiant –, il vole parfois avec un ami pilote. Grand voyageur, il aime les avions, la lecture et, surtout, passer du temps avec les enfants, notamment les siens. “J’ai deux enfants”, confie-t-il, les yeux pétillants. Côté cuisine, il voue un amour inconditionnel au soupou kandia et au thiebou dienn rouge, des plats sénégalais qui le rattachent à ses racines.
Babacar Charles Ndoye est plus qu’un expert en cybersécurité : il est un passeur d’idées, un bâtisseur de ponts entre l’Afrique et le reste du monde. Son parcours, du Sénégal à la Suisse, des multinationales aux missions panafricaines, illustre une ambition : sécuriser le numérique pour en faire un levier de développement inclusif. Avec son expérience, son éthique et sa passion, il continue de façonner un avenir où la technologie sert l’humain, sans laisser personne sur le bord du chemin.
Demba DIENG