Ingénieure de formation, Codou Mbodj, âgée de 34 ans, a quitté une carrière prometteuse dans les télécommunications en France pour reprendre les rênes de l’entreprise familiale : les hôtels « Le Feto ». À la tête de ce groupe 100 % sénégalais, elle incarne une nouvelle génération de femmes leaders, audacieuses et engagées pour une hôtellerie enracinée, moderne et inclusive.
Le temps passé au Sénégal lui a permis d’observer le quotidien de sa mère dans la gestion de l’établissement familial. Petit à petit, elle commence à l’aider, à comprendre les rouages du métier : « Je me suis dit : pourquoi pas moi ? » C’est par cette question simple, presque anodine, que Codou Mbodj explique le tournant décisif pris en 2022 dans sa vie professionnelle. Après un parcours exemplaire dans les télécommunications et sept années passées en tant que cheffe de projet dans les réseaux mobiles, elle a décidé de revenir au Sénégal pour prendre la direction du groupe hôtelier Le FETO, fondé par sa mère. Une reconversion qui sonne comme un retour aux sources, mais aussi comme une nouvelle aventure, à la croisée du leadership féminin et de la vision entrepreneuriale.
Rien ne prédestinait cette ingénieure diplômée en innovation et management des technologies à embrasser une carrière dans l’hôtellerie. Née à Dakar, après l’obtention de son baccalauréat, elle poursuit ses études en France, gravit les échelons dans le secteur des télécoms, avant de faire une pause maternité en 2019. «J’ai passé cinq mois à Dakar, juste avant le Covid. Ce séjour a été un déclic », confie-t-elle. Elle découvre alors les coulisses de la gestion de l’établissement familial, suit pas à pas l’engagement quotidien de sa mère, fondatrice du FETO. L’envie de s’impliquer devient peu à peu une évidence.
Une chaîne hôtelière 100 % sénégalaise, au service de l’excellence locale
Créé en 2008, « le feto » est un établissement trois étoiles implanté à Dakar. Il compte aujourd’hui plus de 85 chambres, 10 salles de séminaire et trois restaurants répartis sur trois sites dans la capitale. « Ce que nous proposons, c’est une hospitalité enracinée dans la culture sénégalaise, mais avec des standards internationaux », souligne la directrice générale. La particularité du «feto » ? Son identité profondément locale, à tous les niveaux : la direction, le personnel, l’offre culinaire, l’ambiance, les partenariats. « C’est une chaîne 100 % sénégalaise, fondée et dirigée par une femme, et qui vise à promouvoir notre savoir-faire et notre hospitalité avec professionnalisme et fierté », se réjouit la dirigeante engagée.
Son ambition va bien au-delà de la gestion quotidienne. Elle veut inscrire « le feto » dans le futur de l’hôtellerie sénégalaise. « Je souhaite développer notre chaîne et, pourquoi pas, nous implanter dans d’autres régions ou à l’international », affirme-t-elle. Mais elle sait aussi que le chemin est semé d’embûches. « Être jeune, femme et dirigeante dans un secteur encore dominé par les hommes peut susciter des doutes, voire du scepticisme. Mais à la fin, c’est le travail qui parle. », glisse-t-elle, optimiste. Pour elle, l’avenir du secteur dépendra de l’innovation, de la formation continue du personnel, de la digitalisation et surtout, d’une plus grande coopération entre les acteurs privés et les pouvoirs publics.
Un modèle de leadership féminin assumé.
Dans un environnement où les figures féminines sont encore peu nombreuses à la tête de grands établissements hôteliers, Codou Mbodj incarne une voie différente : celle de la compétence, de la persévérance et de l’audace. Elle veut aussi être un modèle pour les jeunes filles qui hésitent à se lancer. « On n’a pas besoin de reproduire les codes dominants. On peut diriger en étant soi-même, avec nos forces et nos intuitions », affirme la battante. Pour elle, Le FETO n’est pas simplement un hôtel. C’est un projet familial devenu un symbole de résilience, de transmission et d’engagement. Sous sa direction, il aspire à devenir un acteur clé d’une hôtellerie sénégalaise forte, authentique et compétitive.
Adama NDIAYE