Nommé en 2022 comme chef du bureau de l’accueil et du protocole du centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Pape Massamba Thiaw, dit « Maas », 36 ans, est devenu le nouveau Directeur des cités universitaires (Dcu) du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Pur produit du défunt Ousmane Tanor Dieng, l’enfant de Ngueniène s’est aussi imposé dans la sphère politique ces dernières années.
Il est des trajectoires qui ne se contentent pas d’être des chemins tracés, mais qui s’apparentent plutôt à des montagnes à gravir, parfois abruptes, parfois sinueuses, mais toujours marquées par une volonté indomptable. Le parcours de Pape Massamba Thiaw, nouveau chef de la Direction des cités universitaires (Dcu) du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) de l’Ucad, en est un exemple achevé. À 36 ans, cet homme de taille moyenne originaire de Ngueniène, une localité du département de Mbour, incarne, à travers sa carrière, une formidable capacité à relever des obstacles, à se réinventer et à servir l’intérêt général avec une rigueur qui force l’admiration.
Dans son bureau où le portrait du défunt Ousmane Tanor Dieng accroché au mur attire l’attention, Maas, comme l’appellent affectueusement ses proches, est devant une pile de dossiers sur la table. Comme un portrait, il est immobile, regard fixé sur sa machine. Ténacité ? Dévouement incommensurable, mû par une noble résolution, calme au milieu des écueils, impassible face aux revers, cette description lui sied bien d’après ses collègues du Coud. « J’ai eu à travailler avec lui au département du service de l’hébergement. Avec un dévouement exceptionnel, il est un leader inspirant capable de guider son équipe vers le succès tout en créant un environnement de travail positif et productif », lance Abou Kâ, président des élèves et étudiants orphelins du Sénégal.
Nommé récemment à la tête de la Dcu, après avoir assuré le rôle de responsable du bureau de l’accueil et du protocole du Coud en 2022, Massamba est bien plus qu’un administrateur ou un simple cadre dans le domaine de l’enseignement supérieur. C’est un homme animé par une vision sociale, par une profonde conviction qu’il peut contribuer à l’épanouissement de la jeunesse sénégalaise à travers son travail, et par un engagement sans faille dans les valeurs humaines et de solidarité qu’il chérit.
L’empreinte de son mentor, l’illustre Ousmane Tanor Dieng, figure incontestablement comme un guide spirituel et politique dans sa vie. Massamba Thiaw, qui s’est forgé sous l’aile de cet homme d’État (plus de 15 ans à ses côtés), semble avoir absorbé tout l’héritage politique et éthique de Tanor, une école du devoir, de la rigueur et de la générosité envers les autres. « J’ai toujours le souvenir impérissable de cet homme d’Etat, un citoyen de grande dimension qui a marqué son époque, de par ses qualités exceptionnelles qui forcent l’admiration et le respect », se contente-t-il de dire, nostalgique. « Tanor n’hésitait pas à lui confier un service, car Maas est un carburateur. Au Coud, il travaille des heures supplémentaires sans rien attendre en retour », témoigne Mbaye Ndour, chargé de la section Accueil et Orientation du protocole de la direction générale du Coud.
La ténacité, une valeur incarnée
Ceux qui travaillent aux côtés de Maas témoignent unanimement de son dévouement et de sa capacité à gérer les lourdes responsabilités qui lui sont confiées. « C’est un leader d’exception », affirme Abou Kâ, président des élèves et étudiants orphelins du Sénégal. Et d’ajouter : « il inspire la confiance, guide son équipe avec détermination et offre un environnement de travail où chacun trouve sa place et se sent valorisé ».
Il est facile de l’imaginer, solitaire parfois dans son bureau, entouré de dossiers, scrutant son ordinateur, concentré comme un sculpteur façonnant son œuvre. Sa capacité à être à l’écoute de son équipe, tout en maintenant une exigence professionnelle constante lui permet de mener avec succès des projets d’envergure, notamment dans la gestion des cités universitaires, qui ne sont autre qu’un véritable carrefour de vie pour des milliers d’étudiants.
Cette compétence à gérer les situations complexes trouve son fondement dans la résilience qu’il a forgée au fil des années. Avant d’occuper des fonctions de premier plan, Massamba a dû surmonter les obstacles d’un parcours semé d’embûches. « J’ai postulé trois fois avant de décrocher le poste de chef du bureau de l’Accueil et du Protocole du Coud », confie-t-il, une touche de nostalgie dans la voix. Malgré ce rejet à répétition, Massamba n’a jamais cherché d’excuses. Il a su prendre sur lui, faire preuve d’humilité et travailler sans relâche pour atteindre ses objectifs.
Un mantra hérité de Tanor
Les racines politiques de Massamba Thiaw plongent profondément dans le terreau de la tradition socialiste sénégalaise. Fils de Ngueniène, Massamba a grandi dans l’univers du Parti Socialiste, et c’est là qu’il a forgé son caractère et ses convictions. « Dès 2002, j’assistais aux réunions du Parti Socialiste à Ngueniène », raconte-t-il, avec une candeur qui contraste avec la stature de l’homme qu’il est devenu. Cependant, il faut attendre 2006 pour que Massamba rallie officiellement le mouvement « Convergence Socialiste », dirigé à l’époque par Barthélémy Dias. Ce fut le début d’une histoire d’amour avec la politique, une passion naissante pour l’action publique et le service aux autres.
Massamba a su allier sa carrière administrative et son engagement politique. Après le décès de son mentor, Ousmane Tanor Dieng, en 2019, il a puisé dans les enseignements reçus pour renforcer son engagement envers sa commune et son pays. Fort de l’adage que Tanor lui répétait souvent : « Si les meilleurs ne s’engagent pas, les faibles s’engageront et les dirigeront ». Le monogame a pris le chemin de l’action sans hésiter. En 2022, il pilote la coalition « Gox Yu Bess » pour les élections locales dans sa commune, un projet politique qui, malgré une rude concurrence, lui permet d’obtenir la deuxième place derrière Alpha Samb de la coalition « Buntu Bi ». Ce n’était pas la victoire qu’il attendait, mais ce fut pour lui l’occasion de se rapprocher du pouvoir, d’affirmer son poids politique et de poser les bases d’une collaboration future avec « Benno Bokk Yaakaar ».
Un enseignant rigoureux et un professionnel de terrain
Au-delà de ses responsabilités politiques et administratives, Massamba Thiaw est également un homme de savoir. Son parcours académique l’a conduit à enseigner à l’Institut Supérieur d’Entrepreneuriat et de Gestion (Iseg) de 2012 à 2019. Ce n’était pas simplement un job, mais une vocation. « C’était un professeur exigeant, mais avec lui, j’ai appris à me surpasser », témoigne Astou Gning, ancienne étudiante de l’enseignant. L’étudiante de poursuivre : « un jour, il m’a même chassée de la classe, promettant de me donner une note de « 1 ». À l’époque, je le trouvais dur, mais aujourd’hui, je comprends l’importance de sa rigueur ». Pour Maas, ses étudiants sont des frères et sœurs. « Ils viennent presque tous de mille lieues d’ici et ont le devoir d’honorer leurs parents », s’explique-t-il. Maas ne fait pas aussi partie des sempiternels retardataires. Ceux qui l’entourent soulignent sa ponctualité et sa disponibilité. « Il n’est jamais en retard », note Abdou Ndong, chef de résidence du pavillon L. Comme un phare dans la tempête, dit-il, son engagement est un modèle de leadership silencieux mais puissant, porté par une vision claire : servir, aider et faire grandir la société.
Un homme au service des autres
Issu d’une famille catholique, Massamba Thiaw a su concilier ses valeurs familiales avec ses choix de vie personnels. Le seul musulman parmi ses frères et sœurs, il a grandi dans un environnement marqué par le respect des différences religieuses. Et ainsi, à l’image de son mentor, Ousmane Tanor Dieng, Pape trace son chemin, lentement mais sûrement, loin des projecteurs mais toujours fidèle à son devoir. Pour les responsabilités, il incarne une vision : celle d’un Sénégal où l’engagement et l’humilité sont les véritables moteurs du changement. « Le plus grand héritage qu’on puisse laisser à ses enfants, ce n’est pas une richesse matérielle, mais l’exemple d’un engagement sans faille pour l’intérêt général », souligne le « ceinture » marron en Karaté.
Par Adama NDIAYE