Après une carrière sportive en escrime, couronnée par un titre de champion d’Afrique junior, Omar Marie Ndao, dit Assirou, a dû mettre fin à son parcours dans le haut niveau en raison de la drépanocytose. Le réalisateur, producteur et scénariste a néanmoins trouvé une autre voie d’expression tout aussi puissante : le cinéma.
Omar Marie Ndao fait partie de ces hommes et femmes qui refusent l’illusion de la fatalité. Le natif de Kaolack, en dépit d’un état de santé souvent fragile, ne s’est jamais arrêté dans sa quête de donner corps à ses rêves. Porté par l’énergie de la passion, Assirou, comme l’appellent affectueusement ses proches, est devenu un réalisateur, producteur et scénariste confirmé. Il est, aujourd’hui, le président-directeur général du label de production Soul’Art Ciné et directeur du Festival du film éducatif « Saloum Tout Court ».
Cependant, derrière ce parcours singulier se cache la dure réalité de la vie, celle d’un homme qui, malgré les écueils du destin, a su aménager des espaces pour ses passions. Après une carrière sportive dans l’escrime, marquée par un titre de champion d’Afrique junior, la drépanocytose a limité la possibilité de poursuivre une longue carrière de haut niveau. Il lui fallait alors trouver un autre moyen d’expression tout aussi puissant. C’est ainsi que le cinéma s’est naturellement imposé comme le prolongement de cette quête, articulée autour d’un triptyque : transmettre, inspirer et résister autrement. « Le cinéma est pour moi bien plus qu’un simple art, c’est un langage universel capable de sensibiliser, d’éduquer et de transformer les mentalités. Ayant grandi avec une passion pour l’image et la narration, j’ai très tôt compris que je pouvais utiliser ce médium pour raconter nos histoires, mettre en lumière des réalités souvent passées sous silence et surtout éveiller les consciences », confie-t-il.
Omar Marie Ndao commence d’abord à apprendre le cinéma sur le tas. Passion en bandoulière, il ne tarde pas, ensuite, à tracer ses sillons. « Mon parcours est avant tout celui d’un passionné. J’ai commencé en autodidacte, avec beaucoup de curiosité, de lectures et de pratique sur le terrain. Tout a véritablement débuté le jour où j’ai répondu à un casting de Cinégal Pictures. Ce jour-là, j’ai trouvé bien plus qu’un réalisateur : j’ai trouvé un professeur, un mentor en la personne de Chérif Ace Faty, qui m’a pris sous son aile avant de voyager », raconte-t-il.
Après le départ de son mentor, Assirou poursuit son apprentissage avec une formation en audiovisuel au Centre de technologie et d’ingénierie de l’Université de l’Atlantique (Cti/Universat), afin d’acquérir de nouvelles bases techniques.
Outil de mémoire collective
Avec des amis, il lance d’abord Tawhid Pix, une aventure qui n’a duré qu’un temps. Par la suite, un ami de son grand frère, Seydou Diop, écrivain reconnu, lui propose de rejoindre son label Dioptrie Films. Cette collaboration connaît des hauts et des bas, un malentendu les sépare, avant que leurs chemins ne se recroisent deux ans plus tard au sein du même label, autour de nouveaux projets.
Mais 2021 marque un véritable tournant. Constatant que les choses n’évoluaient pas comme il l’espérait, le réalisateur décide de fonder Soul’Art Ciné. Il s’entoure alors des mêmes amis avec lesquels il avait lancé Tawhid Pix, rejoints cette fois par de nouveaux talents. « Très vite, nous avons produit, sur fonds propres, notre premier film « Pexe », une expérience fondatrice qui a marqué le véritable point de départ de notre engagement dans le cinéma. Chérif Ace Faty est revenu et, depuis, il reste présent pour me conseiller et m’épauler », explique-t-il.
Fort de ces expériences, Assirou souligne que chaque étape, chaque film et chaque rencontre enrichissent, aujourd’hui, sa compréhension du cinéma et forgent son identité de réalisateur. Le cinéaste a une vision précise du cinéma, profondément ancrée dans l’éducation et la transmission. Outil de mémoire collective et de transformation sociale, il considère que le septième art, « dans nos sociétés actuelles, ne doit pas seulement divertir. Il doit provoquer le débat, questionner les certitudes et ouvrir de nouvelles perspectives. « C’est un miroir qui reflète nos réalités, mais aussi une fenêtre qui nous invite à imaginer un avenir différent », note-t-il.
En perspective, le Pdg de Soul’Art Ciné prépare actuellement la production de films abordant des thématiques sociales et éducatives, ainsi que le développement du Festival du Film éducatif « Saloum Tout Court », initié à Kaolack. Un festival qui, selon lui, a pour objectif de faire de la région un carrefour de l’éducation par le cinéma, tout en offrant une plateforme aux jeunes réalisateurs africains et internationaux. « À long terme, mon ambition est de contribuer à bâtir une véritable industrie cinématographique éducative au Sénégal et en Afrique, et de positionner Kaolack comme capitale africaine du cinéma éducatif », affirme-t-il.
Malgré sa jeune carrière, Omar Marie Ndao est déjà à l’origine de plusieurs films parmi lesquels « Fiipoux », « Chaînes Brisées », « Alibi », « Fragments », « Mbësàn » …
Ibrahima BA