Originaire du Kazakhstan mais de cœur sénégalais, Inkarim Akim Maatouk révolutionne la pâtisserie locale avec ses créations aussi bluffantes que délicieuses. Derrière chaque fruit sculpté, la cheffe pâtissière nourrit le vœu de faire rayonner le cake design à travers l’Afrique.
La pâtisserie Aikena Cakes est une invite à la gourmandise. Dès l’entrée, le visiteur se délecte de l’odeur des petits fours. La vitrine est un appel à la tentation. Pas le temps de s’attarder sur les tons vert menthe et rose poudré de la décoration. L’attention du client est tout de suite captée par cette vitrine où toutes les pâtisseries ne font qu’un. Mais en s’y aventurant de plus près, les fruits parfaitement disposés peuvent tromper l’œil du client le plus averti. Mangues, mandarines, fraises ou encore citrons : c’est à s’y méprendre tant les réalisations sont réalistes. « Elles sont toutes comestibles et sont faites à base de ces fruits », informe Inkarim Akim Maatouk, cheffe pâtissière.
Les Sénégalais n’ont plus besoin de baver devant les œuvres de Cédric Grolet (NDLR : pâtissier français, il est plus particulièrement reconnu pour ses « fruits sculptés en trompe-l’œil », son usage du citron). En cuisine, la cheffe pâtissière réalise ces œuvres aussi réalistes que comestibles à l’aide de ses employés. Sa création du jour porte sur une vitrine pour l’ouverture prochaine d’une boutique de mode. Habillée d’une blouse et d’un tablier, la toque vient compléter le look.
Sur son plan de travail, trois poches à douille y sont soigneusement installées, prêtes à l’œuvre. La fondatrice de Aikena Cakes s’attaque au montage du gâteau. Après cette partie, il sera conservé une nuit au frigo pour stabiliser. S’ensuit la ganache avec de la crème au chocolat, et la pâte à sucre va finir le travail.
« Il y a beaucoup de paramètres dans le cake design (art culinaire consistant à créer des gâteaux d’exception représentant un lieu, un objet, une occasion particulière). Il y a de l’ingénierie, de l’architecture, du design », a expliqué la fondatrice de Aikena Cakes.
Le goût de la famille
Une pincée de passion pour la pâtisserie et l’art, une dose de détermination, et le tout saupoudré de talent : voilà les ingrédients du succès d’Inkarim Akim Maatouk. Originaire du Kazakhstan, la pâtissière a tout appris de sa maman. Plus jeune, elle a pris l’habitude d’aider sa mère en cuisine. Un coup de main qui se transforme rapidement en passion pour la pâtisserie.
Mais c’est en 2020, en pleine période de pandémie, que la docteure en pharmacie décide de transformer cette passion en vocation.
« Pendant la Covid-19, j’ai pu développer cet amour pour la pâtisserie à la maison. J’ai commencé à faire de petits cakes, des tartelettes », a confié la cheffe pâtissière.
« Le bouche-à-oreille a fortement contribué à mon succès. J’ai reçu beaucoup de commandes. Cela a pris tellement d’ampleur que mon mari m’a encouragée à ouvrir une petite pâtisserie. Celle-ci est dénommée Aikena, en hommage au surnom de ma mère », a confié Inkarim Akim Maatouk, visiblement émue.« Elle est passionnée par ce qu’elle fait et a un véritable don pour la pâtisserie », a renchéri son mari Ryan, PDG de Aikena Cakes.
D’une petite échoppe à Mermoz, la passionnée a posé ses bagages en plein centre-ville. Cette pâtisserie spécialisée en cake design est la suite de l’aventure d’une perfectionniste doublée d’une passionnée d’art.
« J’aime beaucoup l’art, et transformer les gâteaux en objets, en quelque chose de réel. Et c’est pourquoi on les appelle les trompe-l’œil : parce que vous êtes censé voir l’objet, le fruit ou le produit en question, et ne pas vous imaginer qu’il s’agit en fait d’un gâteau », a fait savoir la mère de famille.
Cake design comme cœur de métier
Aikena Cakes ne se résume pas seulement à faire des trompe-l’œil. Cerise sur le gâteau : l’entreprise réalise des viennoiseries, mais possède aussi un grand salon de thé avec, au menu, des petits-déjeuners, des déjeuners et des dîners.
« Nous avons une large carte qui propose vraiment beaucoup de produits de haut de gamme », renseigne Mme Maatouk.
Cependant, cette dernière informe que la réalisation la plus technique reste le cake design.
« C’est complexe, car on doit réfléchir aux structures. C’est la transformation d’un gâteau, qui est délicieux, et qu’on transforme en un design très spécifique. La partie artistique y occupe une place centrale, et cela prend beaucoup de temps à cause des finitions à faire », révèle-t-elle.
Mais rien n’est insurmontable pour cette férue d’art.
« J’ai une grande passion pour l’art, car je sais dessiner et modeler depuis que je suis toute petite, et cela m’a permis de pouvoir transformer la pâtisserie en art », confie-t-elle, jetant un bref coup d’œil à ses œuvres.
« Notre plus grande victoire n’est pas l’argent qu’il y a derrière. Certes, c’est notre gagne-pain, mais notre victoire à moi, à mon mari et à mon équipe c’est que le client soit satisfait à un milliard de pourcents », assure Inkarim Akim Maatouk.
Pour la fondatrice de Aikena Cakes, la qualité et la satisfaction priment sur le prix.
« Nous n’avons pas de tarifs fixes. Chaque commande a sa propre fourchette de prix », renseigne la pâtissière.
Des commandes qui se multiplient grâce aux réseaux sociaux. En effet, Aikena Cakes doit son succès au talent de la pâtissière, mais également à la magie des réseaux sociaux, avec 35 000 abonnés sur Instagram et plus de 300 000 abonnés sur TikTok.
Inkarim Akim Maatouk ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Celle qui vit au Sénégal depuis plus d’une vingtaine d’années ambitionne d’ouvrir d’autres Aikena Cakes dans les autres régions.
« J’espère vraiment qu’on puisse s’agrandir dans les autres régions du Sénégal. Nous souhaitons nous développer jusqu’à l’international et pouvoir faire de Aikena une chaîne qui puisse grandir et évoluer en Afrique. Certes, je suis née au Kazakhstan, mais mon cœur est africain et particulièrement sénégalais », précise-t-elle, émue.
La cheffe pâtissière veut également transmettre son savoir-faire par le biais de la formation. Une façon de faire goûter aux plus jeunes les délices du cake design.
Arame NDIAYE (texte) – Papa Abdoulaye SY (vidéo)