Docteur en Relations internationales à l’Université des Civilisations d’Istanbul, Alioune Aboutalib Lô a souligné que la guerre entre l’Iran et Israël, qui vient de connaître un répit avec le cessez-le-feu annoncé par le président américain Donald Trump, a montré une certaine incapacité du monde musulman, surtout du monde arabe, à parler d’une seule voix.
Dans un entretien avec «Le Soleil», ce chercheur en Relations internationales a, par contre, affirmé qu’il est important de préciser que l’identité islamique ne saurait être le point de rassemblement des pays de la région. «Cette guerre a montré aussi l’incapacité du monde musulman et surtout du monde arabe à faire montre d’un leadership crédible face aux dérives d’Israël au Moyen-Orient», a-t-il précisé. Le Dr Lô a ajouté que les intérêts politiques et les dissensions doctrinales et culturelles, notés tout au long de l’histoire entre les différents acteurs de la région, sont plus forts que l’Islam qu’ils ont comme dénominateur commun.
«L’héritage sociopolitique et religieux des différents empires arabes, perses, ottomans ou les conflits politiques depuis l’ère des Républiques a fondamentalement impacté les relations entre les États de la région. Aujourd’hui, l’Arabie saoudite, par exemple, est beaucoup plus préoccupée par la «menace iranienne» que par Israël», a-t-il analysé. D’après lui, certains pays de cette zone sont aussi irrités par les proxys iraniens qu’ils voient comme des facteurs de déstabilisation. «En outre, l’initiative américaine des accords d’Abraham a permis de pacifier, d’une certaine manière, les relations entre les pays arabes signataires et Israël. Et beaucoup d’entre eux ont, par exemple, relégué depuis lors la question palestinienne au second plan. Ceux-là n’ont condamné que légèrement les frappes israéliennes sur l’Iran», a souligné Alioune Aboutalib Lô. P
ar rapport à la situation de la Turquie dans cette crise, il a estimé que ce pays est resté fidèle à son approche de «peace-builder» et «centraliste» de sa politique étrangère. «La Turquie condamne sans équivoque les assauts israéliens dans la région et le président Erdogan a plusieurs fois évoqué Israël comme un État terroriste et Netanyahu comme un Hitler bis. Sur ce conflit, le président turc n’a d’ailleurs pas manqué d’affirmer que «la victoire sera du côté de l’Iran» et que «l’Iran a un droit légitime de se défendre», a indiqué le chercheur. Le Dr Lô a aussi signalé que le fait que la Turquie fasse partie de l’Otan lui permet de pouvoir également parler à tous les acteurs et d’encourager des solutions politiques pour la résolution des conflits et non de participer à les envenimer.
Oumar NDIAYE