Dans le sillage de la guerre du Vietnam et du scandale du Watergate, Jimmy Carter, décédé ce dimanche, a accueilli à la Maison-Blanche Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf durant son unique mandat (1977-1981).
L’arrivée au pouvoir de Jimmy Carter était porteuse de promesses pour une Amérique tentant de se relever de la guerre du Vietnam et du scandale du Watergate, une affaire d’espionnage politique qui avait coûté la présidence au républicain Richard Nixon. L’espoir était également immense sur la scène internationale.
Les deux premières années de sa présidence ont été marquées par des débuts prometteurs, avec des cotes de popularité supérieures à celles de Ronald Reagan ou Barack Obama au même stade de leur mandat. En 1978, il convainc le Sénat de ratifier les traités sur le canal de Panama, affirmant son rôle sur la scène internationale.
Cette ouverture diplomatique a conduit Jimmy Carter à recevoir Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf. D’abord le premier président sénégalais, le 8 juin 1978, à la Maison-Blanche. Cherchant à s’émanciper des clivages Est-Ouest et Nord-Sud, Senghor voulait faire entendre sa voix sur les grandes questions internationales, refusant d’être une simple caisse de résonance des alliés occidentaux. Cet esprit, inspiré de la Conférence de Bandung (1955), chantre du non-alignement, a guidé les discussions entre les présidents Carter et Senghor.
Cette approche a également marqué les relations entre Jimmy Carter et le successeur de Senghor, Abdou Diouf. Contrairement à Ronald Reagan, qui s’est dit, plus tard, « d’accord d’être en désaccord » avec Diouf, Carter faisait preuve de beaucoup de déférence envers le Premier ministre, devenu deuxième président du Sénégal. Les deux hommes se sont rencontrés lors d’une audience à la Maison-Blanche en avril 1980, selon Babacar Ndiaye, enseignant-chercheur en études américaines. Cependant, un an plus tard, Carter perdait l’élection présidentielle face au républicain Ronald Reagan.
Sur le plan international, Jimmy Carter a négocié les accords de Camp David, qui ont conduit à la paix entre Israël et l’Égypte, et il a tenté, sans succès, d’obtenir la libération des otages américains en Iran.
Durant son mandat, Jimmy Carter n’a pas visité le Sénégal. « Je suis un homme du Sud et un Américain », déclarait ce quasi-inconnu de la scène politique nationale lorsqu’il s’est lancé dans la primaire démocrate pour la présidentielle de 1976.
Né le 1er octobre 1924 à Plains, en Géorgie, Jimmy Carter a grandi sur une plantation d’arachides. Il s’est éteint ce dimanche à l’âge de 100 ans, chez lui en Géorgie.
Moussa DIOP