L’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert a qualifié le gouvernement de Benyamin Netanyahu d’être porté par des ambitions messianiques et de vouloir les réaliser par un plan militaire. Il participait, hier, mercredi, à la huitième édition du Paris Peace Forum.
PARIS – Ancien maire de Jérusalem de 1993 à 2003, Ehud Olmert, aujourd’hui âgé de 80 ans, a aussi été Premier ministre d’Israël entre 2006 et 2009. Présent à la huitième édition du Paris Peace Forum (Forum de Paris sur la Paix), qui se déroule du 29 au 30 octobre 2025, dans la capitale française, il y a animé une session en compagnie de l’ancien ministre palestinien des Affaires étrangères Nasser Al Qildwa avec comme thème : «Du cessez-le-feu à une paix durable : vers la solution à deux États». Un cessez-le-feu menacé depuis avant-hier avec la reprise des bombardements israéliens sur Gaza.
Selon Ehud Olmert, l’actuel gouvernement de Benyamin Netanyahu a d’autres ambitions. «C’est un gouvernement qui a des ambitions et une philosophie messianique et fantaisiste visant à démanteler et à déplacer des populations palestiniennes. Ce gouvernement veut réussir ces ambitions par les armes», a affirmé Ehud Olmert hier, mercredi 29 octobre, à Paris. D’après lui, le cabinet dirigé par Benyamin Netanyahu n’est pas représentatif de la population israélienne dont des milliers manifestent depuis deux ans contre les actions du gouvernement actuel.
Ehud Olmert parle même d’un prochain départ du cabinet dirigé par Netanyahu lors des élections prévues en octobre 2026. «Je ne sais pas qui va diriger le prochain gouvernement en octobre prochain, mais les ambitions messianiques de l’actuel gouvernement ne sont partagées que par une partie minime de la population israélienne», a-t-il ajouté.
Sur le cessez-le-feu, signé dernièrement à Charm el Sikh, en Égypte, Ehud Olmert considère que le gouvernement israélien et le Hamas y sont contraints, mais ne sont pas enchantés. «L’un des points de l’accord de cessez-le-feu est le désarmement total du Hamas. Ce mouvement n’est pas enchanté parce qu’il va perdre son influence à Gaza s’il est désarmé. Je suis contre l’idée d’une gestion de Gaza autre que palestinienne. Gaza est palestinien et doit être géré par des Palestiniens», a-t-il affirmé.
L’ancien ministre palestinien des Affaires étrangères Nasser Al Qildwa a utilisé la métaphore d’une vielle voiture pour qualifier le conflit israélo-palestinien. «C’est comme une vieille voiture qui fait la montée sur un site élevé. Si elle tombe en panne en cours, il sera difficile d’arrêter sa descente», a-t-il paraphrasé.
Membre du comité central du Fatah, le parti qui gère l’Autorité palestinienne, Nasser Al Qildwa a appelé à un changement structurel au sein de cette structure afin de lui permettre de jouer un rôle central. «Nous avons un président nonagénaire (Mahmoud Abass) et des élections sont prévues dans un an. Mais, il faut d’abord jeter les bases d’une bonne organisation avant d’aller aux élections. Déjà, nous avons deux millions de personnes déplacées dans la bande de Gaza», a-t-il justifié.
Paris Peace Forum, organisé depuis 2018, vise à réinventer, selon ses initiateurs, la diplomatie dans un monde en mutation et à œuvrer pour une meilleure gouvernance des biens publics. Cette huitième édition, avec comme thème : «Nouvelles coalitions pour la paix, les peuples et la planète», a vu la participation de dirigeants de gouvernement, d’organisations internationales… Côté africain, le président du Ghana, John Dramane Mahama, était l’un des invités cette année.
De notre envoyé spécial en France, Oumar NDIAYE

