En Europe centrale, la lutte contre la désinformation préoccupe les plus hautes autorités. Une lutte dont la République tchèque et la Pologne sont avant-gardistes.
« Les amours sont comme les empires : que disparaisse l’idée sur laquelle ils sont bâtis, ils périssent avec elle », a dit l’écrivain tchèque Milan Kundera dans son livre « L’insoutenable légèreté de l’être » (Gallimard, 1984). En République tchèque, comme dans tous les anciens pays satellites de l’empire russe, une lutte contre la désinformation se mène. Un phénomène qui s’est exacerbé depuis que la Russie a envahi son voisin ukrainien. La crainte d’être la prochaine cible est omniprésente dans cette partie du monde. « Nous avons ici les mêmes défis », explique le vice-ministre tchèque des Affaires étrangères Jan Marian à un groupe de journalistes africains invités par Prague et Varsovie, en partenariat avec l’Union européenne, pour plancher sur la lutte contre la désinformation.
L’officiel, qui a essayé de faire un parallèle avec ce qui se passe dans des pays comme la Géorgie et la Moldavie, mais aussi le Sahel, soutient que son pays a, par le passé, vécu une pareille situation. C’était, rappelle-t-il, en 1968, avec le Printemps de Prague et la révolution de velours qui s’en est suivie. Une période bien négociée par la Tchécoslovaquie (l’ancêtre de la Tchéquie et de la Slovaquie) qui a réussi à quitter le modèle communiste pour s’intégrer dans la démocratie et l’économie de marché. Pour le vice-ministre tchèque des Affaires étrangères, il faut faire la genèse de ce qui s’est passé dans leur sous-région pour mieux comprendre ce qui s’y passe actuellement. Il poursuit : « On est dans un monde interconnecté. Ce qui se passe ici peut avoir des répercussions ailleurs (…) C’est important pour nous que le nouvel ordre mondial soit basé sur la justice et l’ordre ».
Il souligne que Prague essaie de contribuer activement à la politique africaine de l’Union européenne et estime que la coopération avec le continent noir est dynamique. À sa suite, la directrice de la Coopération, Katerina Sequensova, est revenue sur l’importance de l’Afrique dans la politique étrangère de son pays. Elle a rappelé les visites de haut niveau de part et d’autre, la coopération commerciale et les investissements consentis par son pays en Afrique, comme c’est le cas avec la construction d’aéroports régionaux au Sénégal. Elle est aussi revenue sur les investissements faits dans le cadre de l’Union européenne avec l’initiative « Global Gateway ». Tout comme son collègue David Stulik, du Département Europe de l’Est, elle a également évoqué les défis communs, tels que la sécurité, les menaces hybrides ou encore la bonne gouvernance.
Auparavant, le directeur du Département Afrique subsaharienne, Vaclav Prasil, a rappelé les relations exemplaires que son pays et l’Afrique entretiennent. « Si on regarde l’histoire, on constate que la Tchéquie entretient des relations privilégiées avec l’Afrique », dit-il, citant l’implantation de l’entrepreneur tchèque Bata dans beaucoup de pays africains ainsi que la formation d’élites africaines par la Tchécoslovaquie. Ce pays reste un foyer industriel important qui pourrait profiter au continent. De notre Envoyé spécial à Prague (République tchèque)
Aly DIOUF