Quelque 60.000 bacheliers ont entamé cette semaine au Burkina Faso, une « immersion patriotique obligatoire » d’une durée d’un mois, censée « anciens des patriotes » prêts à « défendre » leur pays en proie à des violences jihadistes depuis une dizaine d’années.
Le Burkina Faso est dirigé depuis près de trois ans par un régime militaire souverainiste, avec à sa tête le capitaine Ibrahim Traoré.
En mai, le gouvernement a adopté un décret portant institution d’une « immersion patriotique obligatoire » pour les élèves admis au baccalauréat.
Elle vise notamment à « inculquer des valeurs citoyennes et patriotiques nécessaires pour un comportement civique sain » et « anciens des patriotes sincères, convaincus, aimant leur pays et prêts à le défendre », justifiait le porte-parole du gouvernement Pingdwendé Gilbert Ouédraogo.
L' »immersion patriotique » est obligatoire pour tous les admis au baccalauréat de la session 2025 et donne droit à une attestation qui sera exigée pour l’inscription dans les universités du pays.
Toutefois, des dérogations sont prévues pour les bacheliers fonctionnaires, les filles allaitant des bébés de moins de 2 ans ou qui sont enceintes.
Entre lundi et mardi, quelque 60.000 bacheliers ont été regroupés dans les centres et sites de la formation, installés dans 29 localités du pays, selon le ministère en charge de l’Enseignement.
« Les bacheliers seront formés pendant 30 jours, en internat strict sans possibilité de visite des parents et des amis, sur les plans théoriques, physiques et sportifs », a-t-il précisé.
L' »immersion patriotique » devra, au fil des années, s’étendre aux élèves admis au Brevet d’études du premier cycle (BEPC) ou au Certificat d’aptitude professionnelle (CAP).
Mardi, plus de 400 enfants, âgés de 10 à 15 ans ont par ailleurs entamé un camp de vacances baptisé « Faso Mêbo » (Construire la République, en langue locale), du nom d’une initiative présidentielle visant à transformer les principales villes du pays.
Regroupés dans un lycée à Ouagadougou où ils seront logés pendant une dizaine de jours, ces enfants, dont les images en tenue militaire sont largement relayées sur les réseaux sociaux et certains médias, seront formés à l’instruction civique et militaire, ainsi qu’à la confection et la pose de pavés et à l’embellissement paysager et urbain.
Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à de nombreuses attaques de groupes armés jihadistes liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique sur la majeure partie de son territoire.
L’ONG Acled, qui recense les victimes de conflits dans le monde, fait état de plus de 26.000 morts, civils et militaires depuis 2015 au Burkina, dont plus de la moitié ces trois dernières années.
AFP