La compagnie pétrolière franco-britannique Perenco a joué un « rôle central » dans la mort de six personnes lors de l’incendie d’une plateforme offshore au large du Gabon en mars 2024, selon une enquête de l’ONG Environmental Investigation Agency (EIA) parue cette semaine.
Un incendie s’était déclaré sur la plateforme Bécuna, face à la côte sud-est du Gabon. Six personnes avaient péri, causant la tragédie « la plus grave dans l’histoire de l’exploitation pétrolière dans notre pays », avait déploré Marcel Abéké, le ministre gabonais du Pétrole d’alors.
Une éruption « d’importants volumes de pétrole brut s’élève à plusieurs mètres de hauteur et se déversant sur la plateforme » sont à l’origine de l’incendie sur l’installation, qui produit environ 13.000 barils par jour, détaille le rapport de près d’une quarantaine de pages.
La société Perenco a réagi auprès de l’AFP vendredi, affirmant que « ce rapport contient un grand nombre d’allégations fausses et diffamatoires », sans commentaire sur son contenu.
Selon le texte de l’ONG, « les causes immédiates de l’incendie (…) peuvent être attribuées à l’ancienneté et au manque d’entretien de la plateforme, au mauvais fonctionnement de l’équipement et à l’absence de certains équipements de sécurité » qui « pourraient pouvoir empêcher l’explosion ».
« Deux semaines avant l’explosion, deux dangereuses remontées de pétrole s’étaient produites sur la même plateforme » et avaient conduit plusieurs employés à demander un changement d’affectation pour ne pas y travailler, selon les témoignages de l’organisation.
Les enquêteurs de l’EIA ont également compilé des « allégations de dissimulation de preuves, pressions sur les témoins, corruption et de collusion, ainsi que le possible étouffement des conclusions du rapport d’enquête officiel commandité par les autorités gabonaises ».
François Perrodo, le président de Perrenco, avait présenté au président de la transition gabonaise, Brice Oligui Nguema, un rapport préliminaire sur les circonstances de l’accident en mai 2024. « Nous serons transparents sur les raisons précises de cette explosion », avait-il assuré à la télévision d’Etat.
Le rapport de l’ONG a pourtant rapporté que « les experts indépendants mandatés par le gouvernement n’ont apparemment pas été autorisés à accéder à la plateforme pendant les premiers jours qui ont suivi l’accident et ont dû faire face à de multiples difficultés pour recueillir des informations ».
AFP