Une campagne nationale de sensibilisation a été lancée samedi au Libéria en vue de la création d’un tribunal qui devrait juger les crimes de la guerre victimes civiles et que les réclament depuis la fin des atrocités il y a plus de vingt ans.
Environ 250.000 personnes ont perdu la vie lors des deux guerres civiles qui ont déchiré ce pays ouest-africain anglophone entre 1989 et 2003.
Un tribunal pour juger les crimes de guerre devrait être créé en 2027, tandis qu’un autre tribunal anti-corruption devrait être lancé en novembre 2026, selon la rapporteuse de la cérémonie, Kanree Wright.
Samedi, le Bureau pour l’établissement d’un tribunal pour les crimes de guerre et les crimes économiques (OWECC) a lancé à Monrovia une campagne pour sensibiliser les populations sur la création du tribunal.
La cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs organisations des droits humains ainsi que des représentants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de centaines de personnes.
Cette campagne vise à préparer les Libériens sur le fonctionnement de ces tribunaux ainsi que sur les modalités de participation des citoyens aux jugements en vue.
Elle devrait s’étendre dans les 15 régions du pays et se prolonger jusqu’à la mise en place des deux tribunaux.
« Nous devons être dans chaque coin du pays » pour la sensibilisation, a déclaré le directeur exécutif de l’OWECC, Jallah Barbu.
« Nous vous invitons tous à chausser vos paniers et à marcher pour atteindre cet objectif », a-t-il lancé à l’adresse des participants.
La coordinatrice permanente des Nations Unies au Libéria, Christine N. Umutoni, salue l’initiative.
« La sensibilisation signifie que l’on multiplie les impacts, que l’on renforce la confiance et la crédibilité dans le processus », a-t-elle déclaré.
Malgré les pressions de la société civile et de la communauté internationale, le Libéria n’a encore tenu aucun procès sur cette période marquée par une litanie d’exactions imputables à toutes les parties : massacres de civils, actes de cannibalisme, tortures, violations, mutilations, enrôlement d’enfants soldats.
Avant l’arrivée au pouvoir en janvier 2024 du président Boakai, les recommandations de la Commission vérité et réconciliation (TRC) en 2009, dont la mise en place d’un tribunal pour crimes de guerre, étaient largement conservées lettre morte. Elles étaient notamment bloquées par la résistance de certains des chefs de guerre incriminés qui étaient restés influents dans leur communauté.
Des condamnations ont toutefois été prononcées par des tribunaux étrangers.
Les guerres civiles ont mis à genoux le pays, l’un des plus pauvres de la planète, ravagé une dizaine d’années plus tard par l’épidémie d’Ebola.
AFP