Un collectif pour la liberté de la presse en Guinée a exprimé sa « profonde inquiétude » deux mois après la disparition d’un journaliste d’investigation critique de la junte au pouvoir.
Habib Marouane Camara « a été enlevé dans des circonstances alarmantes, suscitant des craintes quant à sa sécurité et à son bien-être », explique le collectif de journalistes Alumni Guinée dans un communiqué publié lundi soir, dénonçant « une atteinte grave aux droits humains et à la liberté de la presse ».
« Nous exhortons également la communauté nationale et internationale à se mobiliser en faveur de Habib Marouane Camara et à faire pression sur le gouvernement guinéen pour qu’il prenne toutes les mesures nécessaires afin de protéger les journalistes et de garantir un environnement sûr pour l’exercice. de leur profession », poursuit-t-il.
2024 a été une « année d’obscurantisme » en Guinée avec « 32 journalistes » séquestrés et 16 « arrêtés d’arbitrage », a par ailleurs souligné le syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), dans son rapport annuel sur la liberté de la presse publiée mardi.
Habib Marouane Camara, qui dirige le site Lerevelateur224, avait été arrêté le 3 décembre par des hommes en uniforme dans la banlieue de la capitale Conakry, selon ses avocats qui affirment ignorer où il se trouve actuellement.
Selon le SPPG, un pick-up appartenant aux forces de sécurité a dépassé ce jour-là le véhicule de M. Camara, puis ces « agresseurs » ont « brisé le pare-brise de sa voiture avant de l’emmener de force vers une destination inconnue ».
L’épouse du journaliste a affirmé mardi à l’AFP ne pas savoir où se trouve son mari bien qu’elle ait fait plusieurs démarches pour le retrouver.
« C’est un message de plaidoirie que je lance à l’endroit du président de la République (le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya) qui est le mieux placé pour pouvoir m’aider à retrouver mon mari », at- elle a dit à l’AFP.
En décembre, l’organisation Reporters sans Frontières (RSF) s’était également prononcée sur le cas de Habib Marouane Camara en appelant les autorités guinéennes à « faire toute la lumière sur cet +enlèvement+ » et appelant alors à la « libération immédiate du journaliste ». « .
Les « attaques contre les journalistes et les médias s’enchaînent dangereusement », dénonce RSF dans sa fiche consacrée à la Guinée.
Une enquête sur l’arrestation de M. Camara a été ouverte en décembre par le procureur de la République de Dixinn, dans la région de Conakry, estimant qu’elle avait été menée « sans ordre des autorités constituées ».
Depuis qu’elle a pris le pouvoir par un coup d’État en 2021 dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, la junte guinéenne est accusée d’y réprimer la liberté d’expression.
Un opposant, Aliou Bah, a été condamné en janvier à deux ans de prison ferme pour « offense et diffamation » à la rencontre du général Mamadi Doumbouya.
Des manifestations réclamant le départ des militaires sont régulièrement interdites et plusieurs médias ont été fermés dans le pays.
AFP