Le gouvernement malien a exprimé son « indignation » face aux violences subies par ses ressortissants expulsés par la Mauritanie voisine ces dernières semaines, et a demandé la cessation immédiate de cette « violation flagrante des droits humains ».
Depuis plusieurs semaines, la Mauritanie, vaste pays désertique situé sur la côte atlantique ouest-africaine, mène une campagne d’expulsions de migrants, notamment des Sénégalais, Maliens, Ivoiriens et Guinéens, suscitant de vives critiques dans la région.
« Le gouvernement du Mali exprime son indignation, dénonce avec la dernière rigueur les traitements subis par ses ressortissants en Mauritanie », indique un communiqué distribué lors d’une conférence de presse convoquée sur le sujet mercredi à Bamako.
Le Mali « regrette les conditions d’arrestation en violation flagrante des droits humains et des droits des migrants en particulier, invite les autorités mauritaniennes à la retenue et appelle à la cessation immédiate des violences à l’endroit des ressortissants maliens », poursuit-il.
Selon le ministre des Maliens établis à l’Extérieur, Mossa Ag Attaher, plus de 1.800 migrants maliens ont été refoulés de Mauritanie ces dernières semaines.
Des mesures ont été prises « dès le début des événements pour la protection et l’accompagnement des ressortissants maliens », a assuré M. Ag Attaher lors de la conférence de presse.
« Les échanges avec la partie mauritanienne se poursuivront pour préserver les liens historiques solides entre les deux pays », ajoute le communiqué.
Une délégation malienne menée par le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, était en visite jeudi après-midi à Nouakchott où elle a été reçue par le président mauritanien Mohamed ould Cheikh Ghazouani, selon l’Agence mauritanienne d’information (AMI).
M. Diop a transmis au président Ghazouani le message du chef de la junte malienne, Assimi Goïta, affirmant la volonté de son pays d' »œuvrer pour préserver les relations d’amitié et de fraternité qui existent depuis longtemps entre la Mauritanie et le Mali », a rapporté l’AMI.
Le chef de la diplomatie malienne a également évoqué « la question de la communauté malienne en Mauritanie et la nécessité de préserver les intérêts des citoyens mauritaniens au Mali et vice-versa », selon l’AMI.
Il a toutefois souligné que « la Mauritanie, en tant qu’Etat souverain, a le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité et protéger ses citoyens », indique l’agence.
Des associations de défense des migrants comme SOS Esclaves dénoncent des arrestations « dans des conditions inhumaines ».
Les autorités mauritaniennes parlent d’opérations de « routine » qui visent les personnes en situation irrégulière, sans donner de chiffres sur l’ampleur de ces refoulements.
Selon le gouvernement mauritanien, les migrants sont refoulés vers les postes-frontières par lesquels ils sont entrés dans le pays.
La Mauritanie sert de point de départ à de nombreux migrants venus de tout le continent pour tenter de rejoindre l’Europe en prenant la mer.
AFP