La situation politique et sociale au Maroc reste tendue, alors que le mouvement de contestation mené par la jeunesse, baptisé « GenZ 212 », entame sa sixième journée de mobilisation à travers le royaume. Le collectif a franchi un nouveau pas dans la nuit de jeudi à vendredi en appelant ouvertement à la démission du gouvernement dirigé par Aziz Akhannouch.
Malgré des incidents violents et un bilan lourd qui fait état d’au moins trois morts et de centaines d’interpellations, les jeunes manifestants, portés par les réseaux sociaux (le nom du collectif associe la « Génération Z » au code téléphonique marocain), maintiennent la pression et refusent de reculer. Au cœur de cette fronde, on trouve des revendications sociales pressantes, centrées sur la dégradation des services publics de santé et d’éducation, ainsi que la lutte contre la corruption et les inégalités socio-économiques.
Le slogan « Nous voulons des hôpitaux, pas des stades » est devenu un cri de ralliement, dénonçant l’affectation de budgets jugés colossaux (plusieurs milliards d’euros) à l’organisation de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030, alors que l’accès aux soins et à une éducation de qualité reste difficile pour une grande partie de la population. Un drame sanitaire récent dans un hôpital d’Agadir, où des femmes sont décédées en couches, a servi de catalyseur à la colère.
Le chômage des jeunes, qui avoisine les 30%, et l’inflation galopante accentuent le sentiment d’un avenir incertain pour cette génération. Si la « GenZ 212 » a réitéré son appel au pacifisme, le mouvement a été émaillé de violences, notamment dans certaines villes comme Salé, Leqliaâ ou Oujda. Les autorités locales ont rapporté des actes de vandalisme et des affrontements, justifiant l’usage de la force.
L’incident le plus grave a eu lieu dans un village près d’Agadir, où deux personnes ont été tuées par des tirs de gendarmes. Les forces de l’ordre ont invoqué la légitime défense, affirmant que les individus tentaient de prendre d’assaut une brigade pour s’emparer d’armes et de munitions. Des vidéos sur les réseaux sociaux ont également montré des scènes de répression musclée.
Face à cette mobilisation inédite depuis le Mouvement du 20 Février, le gouvernement a tenté d’apaiser les tensions. Le chef du gouvernement a exprimé la volonté de l’exécutif de « répondre aux revendications sociales » et s’est dit « disposé à dialoguer ». Le ministre de la Santé a même reconnu devant le Parlement que les réformes engagées dans son secteur restaient « insuffisantes ».
Cependant, ces déclarations peinent à convaincre la rue, qui réclame désormais un changement plus radical symbolisé par le départ de l’équipe gouvernementale. Le collectif GenZ 212, tout en affirmant agir par « amour de la patrie et du roi », maintient que la protestation est le « seul moyen d’obtenir [leurs] droits légitimes ».