Plus de 600 enfants sont morts de malnutrition au cours des six derniers mois dans le nord du Nigeria qui est « confronté à une crise de malnutrition alarmante », a alerté Médecins Sans Frontières (MSF).
Entre janvier et juin 2025, les équipes de MSF ont pris en charge près de 70.000 enfants souffrant de malnutrition dans l’Etat de Katsina, dont environ 10.000 ont dû être hospitalisés.
Sur cette période, les cas de malnutrition avec oedèmes, la forme la plus grave et la plus mortelle chez l’enfant, ont bondi de 208% rapport à la même période l’année dernière, écrit MSF dans un communiqué diffusé vendredi soir.
« Malheureusement, 652 enfants sont déjà morts dans nos structures depuis début 2025, faute d’un accès rapide aux soins », a ajouté MSF.
Les coupes importantes dans l’aide étrangère, la flambée du coût de la vie et la recrudescence des attaques jihadistes, en particulier dans le nord-est, ont aggravé la situation alimentaire au Nigeria.
L’année dernière a marqué un tournant dans la crise nutritionnelle qui sévit dans le nord de ce pays, a déclaré Ahmed Aldikhari, représentant de MSF au Nigeria.
« Mais l’ampleur réelle de la crise dépasse toutes les prévisions », a-t-il ajouté, citant des « coupes budgétaires massives, réalisées notamment par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne », qui ont eu un impact sur le traitement et la prise en charge des enfants souffrant de malnutrition.
– « Cas graves de malnutrition » –
Les femmes enceintes et allaitantes n’ont pas été épargnées: une enquête de MSF auprès de 750 mères a mis en relief que plus de la moitié d’entre elles souffraient de malnutrition aiguë, dont 13% de malnutrition aiguë sévère.
Le responsable en charge de la question alimentaire dans l’Etat de Katsina, Abdulhadi Abdulkadir, a reconnu la gravité de la situation, mais précisé que les chiffres de la mortalité présentés par MSF n’avaient pas été validés par son gouvernement.
« Oui, tout à fait, il y des morts conséquentes à la malnutrition », a-t-il dit à l’AFP, assurant que l’Etat communiquerait ses propres données la semaine prochaine.
« Nous avons des cas graves de malnutrition, en particulier à Katsina », a-t-il poursuivi, tout en suggérant que les chiffres de MSF « sont trop élevés par rapport à la réalité ». Le bilan de MSF porte sur la totalité du nord du Nigeria qui compte plus d’une dizaine d’Etats.
Les régions dans le nord de l’Etat de Katsina, frontalières du Niger et situées dans la région semi-désertique du Sahel, enregistrent les taux de malnutrition les plus élevés, car la production alimentaire y est « très faible » en raison du climat rigoureux, a expliqué le responsable.
Quant aux régions fertiles du sud, la production alimentaire est entravée par des gangs criminels qui pillent les villages, et rendent dangereuse la pratique de l’agriculture, a-t-il ajouté.
« Cela a aggravé le problème de la malnutrition », commente-t-il.
Ces gangs criminels, qui agissent dans tout le pays, ciblent les zones rurales avec des enlèvements contre rançon et mènent des attaques meurtrières pour obtenir de l’argent.
Dans l’ensemble du Nigeria, près de 31 millions de personnes souffrent de faim aiguë (sur 235 millions d’habitants environ), un chiffre record, selon David Stevenson, le responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) dans ce pays.
Le PAM a averti en début de semaine qu’il serait contraint de suspendre toute aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence destinée à 1,3 million de personnes dans le nord-est du Nigeria fin juillet en raison d’un déficit budgétaire critique.
AFP