Les secours palestiniens ont recensé 120 morts jeudi dans des bombardements israéliens dans la bande de Gaza dévastée et assiégée, où une ONG soutenue par les Etats-Unis dit se préparer à distribuer de l’aide humanitaire d’ici la fin du mois.
Dans le même temps, le président américain Donald Trump, en tournée dans le Golfe, a affirmé vouloir que les Etats-Unis « prennent » la bande de Gaza pour « en faire une zone de liberté », dans une apparente déclinaison de son précédent projet, décrié à l’international, d’en faire une « Riviera » vue de ses habitants.
« Gaza fait partie intégrante du territoire palestinien. Ce n’est pas un bien immobilier à vendre », a rétorqué un membre du bureau politique du Hamas, Bassem Naïm.
De nouveaux bombardements israéliens y ont fait jeudi 120 morts, a indiqué la Défense civile palestinienne, une organisation de secouristes.
L’aviation israélienne a en particulier visé le nord et le sud du territoire, ravagé par plus de 19 mois d’offensive lancée en représailles à l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël, le 7 octobre 2023.
– Discussions à Doha –
« Chaque jour, il ya des morts, chaque jour des blessés. On ne sait pas quand notre tour viendra », témoigne un habitant du nord, Amir Saleha.
A Khan Younès, dans le sud, Maryam Ashour, en larmes, caresse le linceul enveloppant le corps de sa sœur, convoyé à l’hôpital Nasser avec d’autres victimes. La jeune femme travaillait comme bénévole pour des programmes d’une agence onusienne destinée aux enfants, dit-elle.
« Israël (…) ne fait pas que tuer des gens. Il tue ce qu’il reste de l’Humanité », a lancé jeudi sur X la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les Territoires palestiniens, Francesca Albanese.
Malgré les critiques internationales sur la conduite de la guerre, Benjamin Netanyahu a averti lundi d’une prochaine entrée « en force » de l’armée pour « achever l’opération et vaincre le Hamas », après avoir annoncé un plan pour la « conquête » de la bande de Gaza.
Rompant un rêve de deux mois, Israël a repris son offensive le 18 mars avec l’objectif déclaré d’obtenir la libération de tous les otages encore retenus à Gaza depuis le 7-Octobre.
Des délégations israéliennes et du Hamas se sont rendues cette semaine au Qatar, un des pays médiateurs avec les Etats-Unis et l’Egypte.
Mais le Hamas a accusé jeudi Israël de « saper » les efforts de médiation « par une escalade militaire délibérée ».
« L’exigence minimale pour instaurer un environnement propice et constructif aux négociations est de contraindre » Israël « à ouvrir les points de passage et à permettre l’entrée de l’aide humanitaire », a indiqué plus tard Bassem Naïm.
Depuis le 2 mars, les forces israéliennes bloquent toute entrée d’aide humanitaire dans Gaza, vitale pour les 2,4 millions d’habitants, désormais menacés d’une « famine de masse », selon plusieurs ONG.
– « Outil d’extermination » –
Human Rights Watch a accusé Israël d’avoir fait de ce blocus « un outil d’extermination ».
L’ONU a par ailleurs indiqué qu’elle ne participerait pas à la distribution d’aide à Gaza par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF). Celle-ci, soutenue par les Etats-Unis, avait annoncé plus tôt qu’elle entendait commencer à distribuer de l’aide à Gaza d’ici fin mai.
« Ce plan de distribution n’est pas en accord avec nos principes de base, y compris ceux d’impartialité, de neutralité et d’indépendance », a justifié Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l’ONU.
Face aux critiques, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio s’est dit ouvert à une « alternative », exprimant son inquiétude face à la situation humanitaire dans le territoire palestinien.
Depuis le début de la guerre à Gaza, les violences ont également explosé en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Israël a promis jeudi d’utiliser « tous les moyens » pour retrouver les auteurs de tirs mortels près de la colonie israélienne de Bruchin, en Cisjordanie occupée, qui ont coûté la vie dans la nuit à une enceinte israélienne.
Les groupes WhatsApp des colons israéliens de Cisjordanie se regorgeaient jeudi d’appels à la vengeance après cette attaque.
Dans le nord de la Cisjordanie, cinq Palestiniens ont été tués jeudi lors d’une opération israélienne à Tamoun, selon le maire et l’armée, qui a affirmé qu’il s’agissait de « terroristes ».
L’attaque du 7 octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l’armée israélienne.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 53.010 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
AFP