L’opposant sud-soudanais Riek Machar, inculpé de « crimes contre l’humanité », a invoqué son « immunité » face à ces poursuites au titre de sa charge de vice-président du Soudan du Sud, dont il a depuis lors été suspendu.
Le procès de M. Machar alimente les craintes d’un nouveau conflit au Soudan du Sud, près de sept ans après la fin d’une guerre sanglante entre ses partisans et ceux du président Salva Kiir, qui a fait quelque 400.000 morts entre 2013 et 2018.
M. Machar, arrêté fin mars et placé depuis en résidence surveillée, est inculpé depuis le 11 septembre avec sept co-accusés de « crimes contre l’humanité », pour avoir coordonné une attaque meurtrière contre l’armée sud-soudanaise à Nasir, dans le nord-est du pays.
Des accusations « montées de toutes pièces », selon ses proches, alors que sa défense qualifie le procès de « politique ».
Quelques heures après son inculpation, il avait été suspendu de sa charge de vice-président par décret présidentiel.
« Je suis le premier vice-président. J’ai l’immunité », a affirmé Riek Machar vendredi devant le tribunal spécial établi pour cette affaire. « Je ne peux pas et ne veux pas être poursuivi, a-t-il encore lancé. Si le moment vient, je m’expliquerai. »
Dans une déclaration faite le 14 avril aux enquêteurs et lue devant le tribunal, le frère ennemi de Salva Kiir avait par ailleurs estimé que les « jeunes armés » de Nasir, comme d’ailleurs dans le pays, « s’organisent eux-mêmes », sans contrôle externe.
« Les gens prennent les armes car ils ne font pas confiance au gouvernement », avait-il encore observé.
Les sept co-accusés de Riek Machar ont tous nié avoir contribué aux violences, selon un journaliste de l’AFP présent dans la salle d’audience.
Lundi, le parquet avait affirmé qu’il « fournirait les preuves démontrant sans que le doute ne soit permis que les accusés ont commis les crimes » de Nasir, notamment via des témoins qui raconteront « les réunions de planification », mais aussi des relevés d’appels et communications via WhatsApp « authentifiées ».
Mercredi, le juge à la tête du tribunal spécial avait demandé la suspension de la retransmission en direct du procès par la télévision publique sud-soudanaise afin de protéger les témoins de l’attaque de Nasir, bien que ceux-ci n’aient toujours pas été entendus.
Un accord de paix signé en 2018 a mis fin au bain de sang en actant un partage de pouvoir entre MM. Kiir et Machar. Les soutiens de ce dernier ont depuis son inculpation appelé à la mobilisation militaire en vue d’un « changement de régime ».
AFP