Les autorités du Soudan, les Nations unies et des organisations humanitaires tentent mardi d’organiser les secours dans un village isolé de l’ouest du Soudan, où un glissement de terrain provoqué par des pluies torrentielles a fait des centaines de morts selon l’ONU.
La catastrophe, survenue lundi, a « complètement détruit » le village de Tarasin, situé dans une zone montagneuse difficilement accessible du Darfour, dans l’ouest du pays en guerre, selon un groupe armé local.
« Des sources locales indiquent que 300 à 1000 personnes pourraient avoir perdu la vie », a fait savoir dans un communiqué le coordinateur de l’ONU au Soudan, Luca Renda, assurant que les Nations unies se mobilisaient avec ses partenaires humanitaires pour « fournir un soutien à la population ».
La veille, le groupe armé contrôlant la zone avait fait état d' »un millier de morts », lançant un appel à l’aide aux Nations unies et autres organisations humanitaires pour récupérer les corps des victimes.
« Des informations préliminaires indiquent que tous les habitants du village, dont on estime le nombre à plus d’un millier, sont morts, à l’exception d’une personne qui a survécu », avait écrit dans un communiqué le Mouvement/Armée de Libération du Soudan (MLS).
Des images publiées par le MLS sur les réseaux sociaux montrent des pans de montagne effondrés ensevelissant le village sous une épaisse couche de boue, d’arbres déracinés et de poutres brisées. On y voit aussi des habitants rassemblés sur une immense coulée de boue et de pierres dans une vallée entourée de hautes montagnes.
– Masses de boue –
« Des masses de boue sont tombées sur le village (…). Nos équipes humanitaires et les habitants locaux tentent de récupérer les corps, mais l’ampleur du désastre dépasse largement les ressources dont nous disposons », a déclaré à l’AFP via messagerie Abdelwahid Nour, qui dirige le MLS.
Le Soudan est ravagé depuis 2023 par une guerre meurtrière entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), provoquant la « pire crise humanitaire » contemporaine selon l’ONU, avec l’état de famine déclaré dans plusieurs zones et une épidémie de choléra liée aux conditions sanitaires.
Le MLS, qui contrôle plusieurs zones de la chaîne montagneuse du Jebel Marra où se trouve le village touché, est jusqu’à présent resté essentiellement à l’écart des combats.
L’Union africaine a exhorté dans une déclaration « toutes les parties prenantes soudanaises à déposer les armes et à s’unir pour faciliter la livraison rapide et efficace de l’aide humanitaire d’urgence ».
Dans un télégramme publié par le Vatican, le pape Léon XIV s’est dit « profondément attristé » par le drame, tout en saluant « les autorités civiles et les équipes de secours pour leurs efforts continus ».
La chaîne volcanique du Jebel Marra est située au sud-ouest de la ville d’el-Facher, capitale de l’Etat du Darfour-Nord, assiégée par les FSR depuis un an. La région est sujette aux glissements de terrain, en particulier pendant la saison des pluies qui atteint son pic en août.
Depuis avril 2023, la guerre pour le pouvoir entre le chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhane et son ancien adjoint, le commandant des FSR Mohamed Hamdane Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 14 millions de déplacés, selon les chiffres de l’ONU.
– « Un désastre douloureux » –
Lundi, les deux parties en conflit ont chacune appelé à la mobilisation sans parler de trêve.
Le Conseil de souveraineté du général Burhane, qui dirige le gouvernement basé à Port-Soudan, a promis de mobiliser toutes les ressources disponibles face à ce « désastre douloureux ».
Les FSR ont aussi promis des aides, dans un communiqué.
« La vie et la sécurité des citoyens soudanais passent avant toute considération politique ou militaire », a déclaré Mohamed Hassan al-Taayshi, récemment nommé « Premier ministre » par les paramilitaires.
Lors d’une série d’offensives ces derniers mois, les forces du général Burhane ont repris le centre du Soudan, y compris la capitale Khartoum.
Les FSR contrôlent la majeure partie du Darfour et des zones dans le sud.
Depuis mai 2024, ces paramilitaires tentent de faire tomber el-Facher, dernière grande ville du Darfour encore tenue par l’armée, qui compte environ 300.00 habitants.
Le Darfour est difficile d’accès pour les aides internationales, entravées par les combats.
AFP