Zuckerberg, Sundar Pichai, Bezos et Musk sont derrière Donald Trump. Et ce n’est pas qu’une métaphore. Les quatre géants de la tech étaient présents, ce lundi, aux côtés de la famille Trump lors de l’investiture du Président américain. Placés devant des chefs d’État ou de gouvernement invités, comme Meloni (Italie), ces puissants milliardaires étaient entourés par deux des enfants du désormais 47e président des États-Unis. Sundar Pichai, le PDG de Google, Mark Zuckerberg, le patron de Meta, Jeff Bezos, fondateur d’Amazon, et Elon Musk, créateur de X et désormais conseiller, incarnent les liens étroits entre argent et pouvoir aux États-Unis. Cette relation s’inscrit dans une longue tradition historique.
Il y a un peu plus de cent ans, alors que le monde émergeait difficilement de la Première Guerre mondiale, les prémices de cette relation prenaient forme avec Andrew Mellon. Ayant repris la banque familiale et investi dans le secteur minier, Mellon était devenu l’une des premières fortunes américaines, juste derrière le célèbre Rockefeller. En politique, il défendait des idées résolument libérales : réduction des impôts pour les riches et protectionnisme, des principes qui font de Donald Trump un héritier idéologique. Mellon a occupé le poste de secrétaire au Trésor – l’équivalent d’un ministre de l’Économie – sous trois présidents successifs : Harding, Coolidge et Hoover. Sa carrière politique a toutefois été stoppée net par la crise de 1929.
Après son élection en 1932, Franklin Roosevelt a dû gérer les séquelles économiques de cette crise. Il s’est alors tourné vers Joseph P. Kennedy. Le père de John F. Kennedy avait fait fortune dans le commerce de l’alcool, la construction navale et la finance. Parmi ses réalisations politiques, on retient la réforme de la Securities and Exchange Commission (SEC). Kennedy a également été ambassadeur des États-Unis à Londres à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Le troisième homme, quant à lui, a laissé une empreinte encore plus marquante dans l’histoire des États-Unis : Howard Hughes. En 1939, il rachète TWA (Transcontinental and Western Air, Inc.), se plaçant ainsi au cœur de l’innovation technologique de son époque. Hughes ressemble en cela à Zuckerberg, Bezos et Musk, car il a fait fortune dans deux secteurs avant-gardistes : l’audiovisuel et l’aviation, considérée comme la tech de son temps. Alors qu’une commission parlementaire enquêtait sur un éventuel conflit d’intérêts lié à une importante commande d’État pour l’un de ses modèles d’avion, Hughes a riposté en exerçant une forte pression sur les décideurs politiques. Il a ainsi soutenu tour à tour Johnson, Nixon et même leurs adversaires, en distribuant des sommes d’argent similaires.
Ainsi, bien avant Bezos, Musk et Zuckerberg, l’immixtion des hommes d’affaires dans la politique américaine était déjà une réalité. Une histoire qui continue de façonner les rapports entre pouvoir et fortune.
Moussa DIOP
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