Malgré son éloignement de la Russie, la ville de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, a payé un lourd tribut à la guerre qui oppose Moscou à Kiev. Les initiatives se développent pour redonner le sourire aux mutilés.
C’est l’une des cinq grandes villes ukrainiennes les plus éloignées du théâtre des opérations depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine. Pour autant, Lviv, cette ville de l’ouest du pays, n’est pas la moins affectée. La ville, rapporte son maire, Andriy Sadovyy, consacre 20 % de son budget à l’effort de guerre. Il est aussi revenu sur les pertes humaines et matérielles, les jugeant très importantes. L’édile de Lviv est revenu sur les différentes mesures prises pour accompagner ses administrés dans ces périodes difficiles. Il a aussi tenu à souligner que la nation ukrainienne ne cédera jamais et qu’elle défendra l’intégrité de son territoire jusqu’à la dernière goutte de sang.
L’oblast (région) de Lviv a perdu près de 20.000 personnes. « Ici, chacun est directement touché par la guerre », souligne-t-il. Un message qui fait écho auprès de l’association des jeunes activistes de Lviv. D’ailleurs, sa cité a été élue, pour l’année 2025, capitale européenne de la jeunesse. Une consécration que les jeunes prennent très au sérieux, en dépit des problèmes posés par la guerre.
Lviv a payé un lourd tribut au conflit. Il suffit de se rendre au cimetière dédié de la ville pour s’en rendre compte. De loin, ce sont les forêts de drapeaux ukrainiens et ceux des différentes légions et entités qui attirent l’attention. Plus près, des tombes joliment ornées de fleurs et de lanternes. Il y a un banc pour les visiteurs et de l’eau pour arroser les fleurs. Sur chaque tombe, il y a la photo du soldat disparu, ses dates de naissance et de mort, les choses qu’il affectionnait dans sa vie, parfois des photos d’animaux de compagnie.
Il n’est pas rare de voir, ce matin, des gens de passage assis sur les bancs, aménageant les tombes ou priant pour leurs proches disparus. Ce matin, un couple d’octogénaires est présent au premier carré. L’homme s’active à enjoliver la tombe et la femme retient difficilement ses larmes. On peut lire la peine sur son visage. Elle est debout, comme dépitée par la vie. De temps en temps, elle sort un mouchoir pour s’essuyer les larmes. « Mon oncle est enterré ici », confie Katarina, une étudiante en relations internationales à l’université de Lviv et volontaire pendant ses heures libres. Elle dit admirer la résilience de ses concitoyens et invite la communauté internationale à accorder plus d’attention à son pays, en contraignant le président russe au dialogue.
Ceux qui sont au cimetière ont eu moins de chance que les pensionnaires de Superhumans, un centre d’appareillage orthopédique et de rééducation pour les blessés et mutilés de guerre. La guide du jour en est une illustration parfaite : Ruslana Danilkina est une femme bionique. Elle a perdu une jambe au front. Elle en a reçu une, intelligente, qui lui a rendu sa dignité humaine.
Un appareil qui coûte une fortune et qu’elle n’aurait jamais pu s’offrir sans le soutien de l’État central, de la mairie, des structures internationales et même de particuliers. Le centre d’appareillage orthopédique et de rééducation pour les blessés et mutilés de guerre est présent sur toute la chaîne : de la conception à la rééducation, en passant par la prise en charge et l’accompagnement des patients. Lors de notre passage, ils étaient nombreux dans les différentes salles du centre, visiblement très satisfaits de retrouver une vie quasi normale après l’épreuve.