Les Etats-Unis, déterminés à protéger leurs alliés israéliens, ont essuyé mercredi la colère des autres membres du Conseil de sécurité après leur nouveau véto bloquant un appel à un cessez-le-feu immédiat et l’accès humanitaire à Gaza.
Ce véto « envoie le message extrêmement dangereux que les vies de deux millions de Palestiniens (…) ne comptent pas », a fustigé l’ambassadeur pakistanais Asim Iftikhar Ahmad, et voyant un « feu vert pour l’annihilation » des Palestiniens de Gaza et une « tache morale sur la conscience » du Conseil.
« Le silence ne peut pas défendre les morts, ne peut pas tenir la main des mourants, ne peut pas affronter les rouages de l’injustice », a ajouté son homologue algérien Amar Bendjama.
« Alors que l’humanité est mise à l’épreuve en direct depuis Gaza, ce projet de résolution est né de notre sens commun des responsabilités. Responsabilité envers les civils de Gaza » et les otages, « responsabilité devant l’Histoire », ont insisté de son côté l’ambassadeur slovène Samuel Zbogar. « Assez c’est assez, c’est assez ! », a-t-il lancé.
Tandis que la France et le Royaume-Uni ont exprimé leur « regret » du résultat du vote, l’ambassadeur chinois Fu Cong a directement mis en cause les Etats-Unis, les appelant à « abandonner les calculs politiques et adopter une attitude juste et responsable ».
– « Situation catastrophique » –
Silencieux sur ce dossier depuis un an, le Conseil peine à parler d’une seule voix depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, bloqué plusieurs fois par des vétos américains, mais aussi russes et chinois.
Dans ce contexte, il n’a pas tenté de sortir du silence depuis novembre, lorsque les Etats-Unis de Joe Biden avaient bloqué un texte réclamant aussi un cessez-le-feu, pour les mêmes raisons que celles avancées mercredi pour le premier véto de la nouvelle administration Trump.
Le texte est « inacceptable pour ce qu’il dit et inacceptable pour ce qu’il ne dit pas », a déclaré l’ambassadrice américaine à l’ONU par intérim Dorothy Shea juste avant le vote.
Il « seraperait les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu qui reflète la réalité sur le terrain, et encouragerait le Hamas », a-t-elle ajouté, insistant sur le droit d’Israël à « se défendre ».
Le projet de résolution, qui a recueilli 14 voix pour et une contre, exigeait « un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent » et la libération sans condition des otages.
Soulignant la « situation humanitaire catastrophique » dans le territoire palestinien, il réclamait la levée « immédiate et inconditionnelle de toutes les restrictions à l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza et sa distribution sûre et sans entraver à grande échelle », y compris par l’ONU.
– « Jugés par l’Histoire » –
Après plus de deux mois et demi de blocage, Israël autorise à nouveau depuis le 19 mai l’entrée à Gaza d’une quantité limitée de camions de l’ONU, qui parle d’une « goutte d’eau » dans l’océan des besoins dans le territoire ravagé par 20 mois de guerre.
En parallèle, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), organisation au financement opaque soutenue par Israël et les Etats-Unis, a mis en place des centres de distribution d’aide énoncés par l’ONU comme contraires aux principes humanitaires.
Alors que plusieurs drames ont eu lieu ces derniers jours près de ces centres, faisant des dizaines de morts, les Nations unies les ont décrits comme de « pièges mortels » où des Palestiniens affamés sont forcés à marcher « entre des barbelés », entourés par des gardes privés armés.
« Nous serons tous jugés par l’Histoire sur ce que nous avons fait pour stopper ce crime contre le peuple palestinien », a déclaré mardi l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour, appelant le Conseil à agir.
L’ambassadeur israélien à l’ONU Danny Danon a lui attaqué le projet de résolution, le décrivant comme « un cadeau au Hamas ». Il a également remercié les Etats-Unis pour être restés « du bon côté ».
Israël fait face à une pression internationale croissante pour mettre fin à la guerre qui ravage Gaza, a commencé par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.
AFP