Le militant libanais propalestinien Georges Ibrahim Abdallah, dont l’attente se prolonge avec le rapport au mois de juin de la décision de la cour d’appel de Paris quant à sa libération, un passé de plus de 40 ans en détention pour complicité de meurtres.
– Arrêté de 1984 –
Georges Ibrahim Abdallah est arrêté par les services de renseignement français en octobre 1984 à Lyon (centre-est) et placé en détention provisoire.
Il est soupçonné d’être le responsable en Europe des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), qui ont revendiqué plusieurs attentats commis en France en 1981-1982, dont les meurtres de deux diplomates, l’Américain Charles Ray et l’Israélien Yacov Barsimantov.
Des armes et explosifs sont découverts en avril 1985 dans un appartement que Georges Abdallah louait à Paris, notamment un pistolet ayant servi aux deux meurtres. Il est mis en examen pour complicité quelques semaines plus tard.
– Quatre ans de prison en 1986 –
Le 10 juillet 1986, il est condamné à quatre ans de prison par le tribunal correctionnel de Lyon, pour association de malfaiteurs, détention d’armes et d’explosifs et usage de faux documents.
L’instruction se poursuit en parallèle sur son implication dans les deux meurtres, ainsi que dans la tentative d’assassinat d’un autre diplomate à Strasbourg (est), dossier dans lequel il est mis en examen en novembre.
A cette époque (1985-1986), la France est secouée par une vague d’attentats mortels revendiqués par le Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient (CSPPA), qui réclame la libération de Georges Abdallah et d’activistes propalestiniens condamnés à perpétuité.
– Perpétuité en 1987 –
Le 28 février 1987, la cour d’assises spéciale de Paris condamne Georges Abdallah à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d’assassinat de deux diplomates en 1982 à Paris, et complicité de tentative d’assassinat du consul général des Etats-Unis, Robert Homme, en 1984 à Strasbourg.
Le parquet avait requis une peine « qui ne soit pas supérieure à 10 ans » de réclusion.
– Multiples demandes de libération –
Libérable en 1999, Georges Abdallah multiplie pendant les 25 années suivantes les demandes de libération conditionnelle.
La seule fois où sa demande est acceptée en appel, en janvier 2013, c’est sous condition d’un arrêté d’expulsion qui ne sera jamais pris par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Manuel Valls. Cette demande est définitivement rejetée en cassation en avril 2013.
– Débouté par la justice administrative –
Georges Abdallah change d’angle d’attaque et demande en 2022 à la justice administrative de faire ordonner son expulsion du sol français. Mais le tribunal refuse le 10 février, conséquence qu’il ne peut ordonner au ministère de l’Intérieur de prendre une telle mesure.
– Appel du parquet –
Après une dizaine d’échecs selon son avocat, il voit sa dernière demande de libération acceptée, le 15 novembre 2024, par le tribunal d’application des peines, à condition qu’il retourne au Liban, qui est prêt à l’accueillir. Le tribunal invoque son âge (73 ans) et la durée de détention, « disproportionnée au regard des faits commis et de sa dangerosité actuelle ».
Mais cette décision est aussitôt suspendue par un appel du Parquet national antiterroriste.
Les Etats-Unis, partie civile au procès de 1987, continuent de s’opposer vigoureusement à une libération conditionnelle.
Jeudi, la cour d’appel de Paris a rapporté sa décision. Elle a ajourné l’examen du dossier à l’audience du 19 juin. La chambre d’application des peines a estimé qu' »en l’état il n’est pas possible de faire droit à la demande de libération conditionnelle présentée par Georges Ibrahim Abdallah », jugeant « nécessaire » qu’il « s’acquitte à raison de ses facultés contributives des dommages et intérêts » qu’il doit verser aux parties civiles, selon un communiqué du parquet général.