Le gouvernement britannique a insisté mercredi sur le fait qu’un accord d’échange de migrants avec la France se poursuivrait et a promis de faire appel d’une décision de justice qui a bloqué l’expulsion d’un Érythréen.
La Haute Cour de Londres a suspendu l’expulsion pendant 14 jours après que les avocats ont fait valoir que l’homme était confronté à un « risque réel de dénuement » s’il était renvoyé en France, ce qui constitue un nouveau revers pour les plans du gouvernement visant à empêcher les gens de traverser la Manche sur de petites embarcations.
Des associations caritatives ont averti que l’accord conclu avec Paris plus tôt cette année risque de faire face à plusieurs contestations judiciaires.
L’accord permet à la Grande-Bretagne de renvoyer les personnes arrivant sur de petits bateaux si elles sont jugées inéligibles à l’asile, et en échange, le Royaume-Uni acceptera un nombre égal de migrants en provenance de France qui postulent via une plateforme en ligne.
La ministre de l’Intérieur, Shabana Mahmood, a déclaré que les tentatives de dernière minute pour arrêter les expulsions étaient « intolérables », après que l’homme a obtenu un sursis de dernière minute mardi.
La ministre du gouvernement, Liz Kendall, a déclaré plus tôt que la décision du tribunal « n’empêchera pas le reste de cet accord d’aller de l’avant », les responsables insistant sur le fait que les premiers retraits sont toujours prévus cette semaine.
Plus de 90 migrants récemment arrivés au Royaume-Uni sur de petites embarcations ont été arrêtés en vue d’être expulsés vers la France, selon des associations caritatives.
La France procédera à ses premiers rapatriements à partir de samedi, a indiqué son ministère de l’Intérieur.
Les avocats de l’homme érythréen, dont l’identité ne peut être révélée pour des raisons juridiques, ont fait appel dans le cadre d’un programme qui évalue les victimes de l’esclavage et de la traite des êtres humains.
Mahmood a rejeté l’affaire, déclarant : « Les migrants qui décident soudainement qu’ils sont des esclaves modernes à la veille de leur expulsion, sans jamais avoir formulé une telle affirmation auparavant, se moquent de nos lois et de la générosité de ce pays.
« Je me battrai pour mettre fin aux réclamations vexatoires de dernière minute. »
– ‘Prématuré’ –
Les retours des Britanniques devaient commencer en début de semaine, mais ils ont déjà été retardés.
Les personnes qui devaient être transportées de l’aéroport d’Heathrow à Paris sur des vols Air France lundi et mardi ont vu leur expulsion retardée après avoir déposé des plaintes en justice, selon des associations caritatives qui travaillent avec elles.
« Il y aura toutes sortes de défis qui mettront à l’épreuve le nouvel accord et où se trouve le terrain », a déclaré à l’AFP Pierre Makhlouf, de l’association Bail for Immigration Detainees (BID).
« Si le gouvernement présumait que les expulsions auraient effectivement lieu cette semaine, alors elles seraient peut-être prématurées. »
En vertu de l’accord, les personnes qui arrivent au Royaume-Uni via de petites embarcations et sont renvoyées en France ne pourront pas demander de voies légales pour rentrer en Grande-Bretagne.
« Cela veut dire que ceux qui sont ici vont se battre très fort », a déclaré Makhlouf.
Comme les administrations précédentes, le gouvernement travailliste de Starmer a eu du mal à dissuader des milliers de migrants d’arriver sur les côtes britanniques, avec plus de 31 000 traversées dans de petites embarcations cette année.
AFP