Environ 300 Arabes israéliens se sont rassemblés jeudi dans les ruines d’un village fui par les Palestiniens lors de la guerre de 1948 pour commémorer ce que les Palestiniens appellent la « Nakba ».
Le terme qui veut « catastrophe » en arabe, désigne l’exode massif qui a suivi la création de l’Etat d’Israël en 1948.
Plus de 760.000 Palestiniens avaient alors fui ou été chassés de chez eux pour se réfugier dans les pays voisins ou ce qui allait devenir la Cisjordanie et Gaza, selon l’ONU.
Les manifestants se sont rassemblés jeudi dans un lieu qui était autrefois le village d’Al-Lajjun et abritait des milliers de Palestiniens. Ce site accueille aujourd’hui en partie le kibboutz Megiddo, un village collectiviste israélien.
La commémoration de la « Nakba » s’est déroulée sur fond de guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par l’attaque sans précédent contre Israël menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas.
La grande majorité des 2,4 millions d’habitants du territoire ont été déplacés par les combats, selon les Nations unies.
Vêtus de keffiehs traditionnels et de vêtements palestiniens, les personnes qui ont défilé a chanté l’hymne palestinien.
Parmi eux, Zyad Mahajneh, 82 ans, a dû fuir le village enfant, en 1948.
« Ils ont attaqué notre village avec des canons et des mitrailleuses », a-t-il raconté à l’AFP.
« Aujourd’hui, il nous est interdit d’être ici. Ils nous demandent : +Que faites-vous ici ?+ », a-t-il déclaré, en parlant des Israéliens.
« Les terres d’Al-Lajjun sont désormais devenues des kibboutzim », a-t-il déploré.
Les descendants des quelque 160.000 Palestiniens qui sont restés sur le territoire devenu Israël représentent aujourd’hui environ 20% de la population israélienne. Beaucoup d’Arabes israéliens restent profondément attachés à leur terre d’origine.
Depuis plus de vingt ans, les Arabes israéliens marquent chaque année le jour de la création d’Israël par une « Marche du retour » vers un village palestinien dépeuplé.
Cette année, cependant, les organisateurs ont indiqué que les restrictions accrues imposées par les autorités israéliennes — notamment des limitations sur le nombre de participants et l’interdiction des drapeaux palestiniens — les avaient contraints à annuler la principale marche et à organiser des manifestations plus limitées.
« Ils veulent même nous empêcher de (…) nous souvenir de la Nakba », a déclaré Faisal Mahajneh, un autre habitant déplacé d’Al-Lajjun.
« Nous sommes le peuple de cette terre, et nous ne perdrons pas l’espoir » d’y revenir, ajoute Zyad Mahajneh.
AFP