L’ex-président est jugé, aux côtés de onze coprévenus, dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Le Parquet national financier (PNF) a annoncé, jeudi 27 mars, les peines requises à l’encontre de Nicolas Sarkozy et de ses coprévenus, jugés par le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Le ministère public a requis sept ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende contre l’ex-chef de l’Etat, ainsi qu’une peine d’inéligibilité.
Dès le début de leurs réquisitions implacables, entamées mardi après-midi, les trois magistrats du PNF ont décrit l’ancien président de la République comme le « véritable décisionnaire et commanditaire » d’un « pacte de corruption » qualifié d’ »inconcevable, inouï et indécent », noué avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi afin de financer sa campagne électorale victorieuse. Dans son réquisitoire, le procureur a réclamé mercredi « une réponse ferme à la hauteur de la gravité des faits ». « Seules des peines d’emprisonnement et d’amende fermes peuvent être prononcées pour assurer la protection de la société », a-t-il ajouté.
Le parquet demande au tribunal de « déclarer coupable » Nicolas Sarkozy. Le PNF considère que tous les délits pour lesquels l’ancien président de la République est jugé sont constitués. Il a demandé au tribunal de le reconnaître coupable de corruption, recel de détournement de fonds publics, association de malfaiteurs et financement illégal de campagne électorale. Sur ce dernier point, « Nicolas Sarkozy a donné son accord exprès et préalable pour chaque dépense, il a donné son accord de principe à la commission de l’infraction et il a, en tant que candidat, signé les comptes de campagne », a estimé mercredi le procureur Quentin Dandoy.
« Un homme porté par une ambition personnelle dévorante ». Mardi, en conclusion de la première journée de réquisitions, Quentin Dandoy a fustigé Nicolas Sarkozy et fait référence aux autres affaires dans lesquelles il est mis en cause : « Derrière l’image de l’homme public, du ministre d’Etat, du président de la République, se dessine au gré des enquêtes judiciaires la silhouette d’un homme porté par une ambition personnelle dévorante, prêt à sacrifier sur l’autel du pouvoir les valeurs essentielles telles que la probité, l’honnêteté et la droiture ». Le procès du financement libyen est son cinquième en cinq ans. Dans l’affaire dite des écoutes, ou Bismuth, il a été définitivement condamné en décembre et porte un bracelet électronique à la cheville posé le 7 février. Il a saisi mercredi la Cour européenne des droits de l’homme.
Des réquisitions à l’encontre de trois anciens ministres. Dans son réquisitoire, le PNF a également insisté sur le rôle de Claude Guéant, l’ex-bras droit de Nicolas Sarkozy, et de Brice Hortefeux, son ex-ministre et fidèle ami, lors de leurs déplacements en Libye en octobre et en décembre 2005. Le parquet a demandé mardi leur condamnation pour corruption et association de malfaiteurs. Mercredi, il a réclamé au tribunal de les déclarer coupables de complicité de financement illégal de campagne électorale, tout comme l’ancien trésorier et ministre Eric Woerth. « L’argent libyen a été utilisé par Claude Guéant, remis à Eric Woerth et utilisé pour les besoins de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy », a estimé le PNF, selon lequel Brice Hortefeux a mis « en œuvre le pacte de corruption ».
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