Seyni Amadou, rédacteur en chef d’une importante chaîne de télévision privée du Niger, a été interpellé et placé en garde à vue samedi, le lendemain de sa suspension par le ministère de la Communication, a annoncé une association de journalistes.
Vendredi, un arrêté ministériel annonçant la suspension de la chaîne Canal 3 TV pendant un mois et celle de M. Amadou pendant trois mois, sans donner de raisons, après la diffusion d’un sujet sur la « performance » du gouvernement du régime militaire, arrivé au pouvoir par un coup d’État.
Le Cadre d’action des professionnels des médias (CAP-Médias-Niger), « regrette l’interpellation de notre confrère Seyni Amadou, placé en garde à vue depuis la matinée de ce 18 janvier », a-t-il écrit dans un communiqué.
« Jamais dans l’histoire de la régulation médiatique au Niger, la décision de la suspension d’un média n’a été portée par l’exécutif, y compris en période dite d’exception », at-il déploré.
Selon la télévision d’Etat Télé Sahel, les sanctions ont été infligées à Canal 3 TV « pour violation des règles d’éthique et de déontologie ».
Depuis vendredi, les programmes de la chaîne étaient suspendus.
Dans son communiqué, l’association demande au ministre de la Communication Sidi Raliou Mohamed de « revenir à des meilleurs sentiments en reconsidérant sa double décision ».
Le Niger est 80ème sur 180 pays dans le classement 2024 de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières.
Le directeur du quotidien « L’Enquêteur », Idrissa Soumana Maiga, avait été emprisonné d’avril à juillet pour « atteinte à la défense nationale », avant d’obtenir une libération provisoire.
En septembre et octobre 2023, la journaliste Samira Sabou avait été interpellée et détenue au secret, avant d’être mise en liberté provisoire et inculpée notamment pour diffusion de données de nature à troubler l’ordre public.
Le régime militaire du Niger, au pouvoir depuis un coup d’État perpétré le 26 juillet 2023, a en outre suspendu la diffusion de plusieurs médias internationaux, comme RFI, France 24 et la BBC.
AFP