Le 7ᵉ Sommet Union africaine—Union européenne (Ue-Ua) s’est ouvert hier, lundi 24 novembre, à Luanda. Les dirigeants des deux continents ont lancé un appel fort à un partenariat plus équilibré, au renforcement du multilatéralisme et à une refonte de l’architecture financière mondiale.
LUANDA – C’est un moment exceptionnel que vit l’Angola. Le pays qui vient de célébrer ses 50 ans d’indépendance accueille, ces 24 et 25 novembre, le 7ᵉ Sommet Union africaine-Union européenne (Ue-Ua). Pour cette double célébration, Luanda n’a pas lésiné sur les moyens. Un centre de conférences ultramoderne, construit au cœur du mémorial Agostinho Neto –héros de la Nation– sert d’écrin aux travaux. Afin de désengorger une capitale souvent paralysée par les embouteillages, le gouvernement a décrété deux journées chômées et payées. À l’aéroport comme aux abords du site abritant la rencontre, une troupe folklorique traditionnelle accueille les délégations avec chants et danses, tandis que plus de 300 journalistes, venus d’Afrique et d’Europe, guettent l’arrivée des personnalités. Près de 80 chefs d’État et de gouvernement ont donné le coup d’envoi du sommet.
L’événement marque un tournant, tant par son ampleur que par l’ambition affichée : redéfinir un partenariat Ua-Ue qui fête ses 25 ans et jeter les bases d’un « nouveau pacte » politique et économique. Parmi les premiers arrivés, le président Bassirou Diomaye Faye. Autour de lui, une pléiade de dirigeants de divers pays : Sierra Leone, Seychelles, Éthiopie, Afrique du Sud, Rdc, Djibouti, Mauritanie, Lesotho, Burundi, Tanzanie, Ghana, Malawi, Côte d’Ivoire, île Maurice… Côté européen : Portugal, Croatie, Hongrie, Allemagne, Pologne, Luxembourg, Espagne, Italie, ainsi que la Commission européenne. Hôte du sommet, João Lourenço, président de l’Angola et président en exercice de l’Union africaine (Ua), a planté le décor. Pour lui, la paix, la sécurité et la stabilité restent les conditions premières du développement. Elles sont, dit-il, indispensables à l’intégration continentale, à la transition énergétique, à la résilience climatique et à l’émergence économique.
M. Lourenço a ensuite porté le plaidoyer le plus attendu de la matinée, à savoir une réforme profonde du système financier mondial avec des mécanismes équitables de restructuration de la dette et des instruments innovants permettant aux pays africains d’investir sans s’enliser dans des charges insoutenables. Il a également réaffirmé l’importance stratégique de la Zone de Libre-échange continentale africaine (Zlecaf) pour libérer le potentiel économique du continent. Co-président de la rencontre, António Costa, président du Conseil européen, a, pour sa part, rappelé que l’Afrique et l’Europe sont « unies dans l’ambition et égales dans le partenariat ».
Il a réitéré les engagements européens : soutien à l’intégration régionale, développement des chaînes de valeur locales, appui à la Zlecaf, promotion de la mobilité des jeunes et élargissement des programmes d’échanges universitaires. Sur la sécurité, M. Costa a insisté sur le rôle de l’Ue comme « allié le plus proche de l’Afrique », notamment via « l’European Peace Facility » et les missions conjointes appuyant des solutions africaines aux crises. Le thème central du sommet est : « Promouvoir la paix et la prospérité par un multilatéralisme effectif ». Les participants ont souligné la nécessité d’engagements concrets sur le commerce et l’accès aux marchés ; de financements innovants alignés sur les priorités africaines ; d’une coopération renforcée sur la migration, le climat et la sécurité.
Aly Diouf, Envoyé spécial en Angola

