AFP – La Chine et le Brésil sont respectivement les deuxièmes et septièmes pays les plus peuplés au monde. Et ils pèsent toujours plus lourd sur la scène internationale. Les convergences géopolitiques sont plus évidentes depuis le retour au pouvoir, en janvier 2023, du président brésilien de gauche, Lula. « C’est normal que le Parti communiste chinois se sente plus à l’aise pour dialoguer avec des gouvernements de gauche », dit à l’Afp Marcos Caramuru, ancien ambassadeur du Brésil à Pékin, bien que, selon lui, cette relation soit « totalement pragmatique ». Les deux pays sont des acteurs majeurs des Brics dont ils sont membres fondateurs et œuvrant pour que ce bloc joue les premiers rôles. Pour Jorge Heine, ex-ambassadeur du Chili en Chine et chercheur à l’université de Boston, « plus ses tensions avec les États-Unis et l’Europe augmentent, plus Pékin se concentre sur le Sud global où le Brésil joue un rôle central ». Sur le conflit en Ukraine, les deux pays ont tenté de se poser en médiateurs entre Kiev et Moscou, mais sans aucun succès jusque-là. Le géant asiatique est le premier partenaire commercial du Brésil qui, lui, est son premier fournisseur de biens agricoles. Mais, le pays sud-américain n’est que le neuvième partenaire de la Chine. Même si le Brésil est l’un des rares pays en excédent commercial avec la Chine, ses exportations sont « extrêmement concentrées » au niveau des matières premières, selon l’Agence brésilienne de promotion des exportations et investissements (Apex).
Les exportations chinoises vers le Brésil sont bien plus diversifiées, avec notamment un grand nombre de produits « à haut degré de sophistication technologique et valeur ajoutée ». « Nouvelles routes de la soie » Des entreprises chinoises commencent à investir dans l’industrie brésilienne, particulièrement dans la fabrication de voitures électriques. Deux géants du secteur, Great Wall Motors et Byd, ont annoncé récemment des investissements totalisant 2,5 milliards de dollars au Brésil. « L’économie verte représente un potentiel considérable pour les investissements chinois dans la région, au vu des réserves sud-américaines de cuivre et de lithium, deux minéraux cruciaux pour les batteries » des voitures, explique Jorge Heine. La Chine est le leader mondial de la production de véhicules électriques. C’est donc une complémentarité naturelle », ajoute-til. La réélection de l’isolationniste Donald Trump pourrait « se traduire par une perte de +soft power+ des États-Unis en Amérique latine » et resserrer les liens entre la Chine et les pays de la région, selon Margaret Myers. Trump ou non, Lula envisage, de façon très pragmatique, sa relation avec Pékin. « Ne croyez pas qu’en parlant avec la Chine je veux me brouiller avec les États-Unis. Au contraire, je veux les deux de notre côté », expliquait-il il y a plusieurs mois. L’un des enjeux de la visite de Xi Jinping à Brasilia est une éventuelle adhésion du Brésil aux « Nouvelles routes de la soie », l’énorme projet mondial d’infrastructures conçu par la Chine. Plusieurs pays d’Amérique du Sud, dont le Pérou, ont déjà adhéré à cette initiative, de son nom officiel « la Ceinture et la Route », pilier depuis 2013 de la stratégie du président Xi pour accroître l’influence de son pays dans le monde.