Les accidents de la circulation ont des conséquences aussi nombreuses que diverses : pertes en vies humaines, traumatismes, handicaps, détérioration du matériel roulant, mais aussi et surtout, ils ont un coût financier extrême, impactant ainsi négativement l’économie des pays. Au Sénégal, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En mai dernier, lors du lancement de la 2ᵉ édition des journées de sécurité routière en entreprise, du 12 au 16 mai 2025, sous le thème « Addictions et risques routiers », le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, Yankoba Diémé, a jugé « accablants » les chiffres des accidents enregistrés en 2024 et leur impact sur la vie socio-économique. « 5.231 accidents de la route ont été enregistrés, causant 8.571 blessés et 695 décès », dixit le ministre. Des chiffres macabres, avec à la clé, un véritable drame humain et une perte économique à la fois. (Cf. Lesoleil digital du 14 mai 2025). Dans le journal « Enquête » du 28 janvier 2017, le directeur des Transports routiers, Cheikhou Oumar Gaye, soulignait que les accidents de la route font perdre au Sénégal, 1 % de son produit intérieur brut (Pib), soit plus de 77 milliards de FCfa. Des chiffres que certains évaluent même à au moins 163 milliards de FCfa, soit 2 % du Pib.
Un rapport de la Banque africaine de développement (Bad) produit en 2013 et intitulé « La sécurité routière en Afrique : Évaluation des progrès et enjeux du système de gestion de la sécurité routière », a montré que, comme au Sénégal, le coût est très élevé dans les pays où des données ont été recueillies tels que le Nigeria, le Ghana, le Maroc, l’Éthiopie, la Tunisie et l’Ouganda. Il est de 6 000 millions de dollars Us au Nigeria, soit 3 % de son Pib ; pour le Nigeria, 288 millions de dollars, soit 1,60 % du Pib ; 1 000,20 pour le Maroc, soit 2,50 % du Pib. Pour l’Éthiopie, le coût est évalué à 104 millions de dollars, soit 0,50 % du Pib ; la Tunisie 190 millions de dollars, soit 1 % du Pib et pour l’Ouganda, il est de 114 millions de dollars, soit 2,70 % du Pib. Selon le ministère des Transports de la Côte d’Ivoire, l’impact des accidents de la circulation sur le Pib a été évalué à environ 3 %, soit 300 milliards de FCfa par an. Au cours de ces cinq dernières années, ce pays a enregistré une moyenne par an de plus de 12.000 accidents corporels, 1.400 tués et plus de 21.000 blessés.
Le phénomène est pire au plan mondial. Car, d’après l’Organisation mondiale de la Santé, l’on enregistre, chaque année dans le monde, plus de 1,3 million de morts dans les accidents de la circulation routière avec des pertes économiques énormes. Le coût économique annuel est estimé à 518 milliards de dollars, somme qui englobe le coût du préjudice matériel, des soins de santé et d’autres dépenses. (Cf. https://transpoco.com). La région africaine qui ne concentre que 2 % du parc automobile mondial, enregistre un taux de décès de 26,6 % pour 100.000 habitants, alors que la moyenne mondiale se situe autour de 17,4 %. (Cf. Office de sécurité routière : https://oser.ci). Autant dire que les routes sont de véritables mouroirs avec des pertes économiques faramineuses pour nos pays.
Malheureusement, le rapport de l’Oms met en évidence l’absence criante de progrès en matière d’adoption de lois et normes de sécurité, selon les normes Oms. « Seuls six pays disposent de lois conformes aux meilleures pratiques pour tous les facteurs de risque (excès de vitesse, conduite en état d’ivresse, port du casque de moto et de la ceinture de sécurité et utilisation des dispositifs de retenue pour enfants), tandis que dans 140 pays (les deux tiers des États membres de l’Onu) des lois existent pour au moins un de ces facteurs de risque », dit l’organisation mondiale. Des mesures hardies s’imposent donc afin de sauver des millions de vies et assurer le développement.
Daouda MANE
Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)