Les accidents se notent à un rythme vertigineux. Au rythme de nos routes. Avec des chiffres macabres désignant morts et blessés. Normal serait-on tenté de dire. Sauf que la plupart des accidents sont dus, soulignent les spécialistes, à des facteurs humains. Des facteurs qui n’épargnent pas les infrastructures routières qui sont pourtant très satisfaisantes dans ce pays.
La bonté des routes, avec le péage qui permet de relier nombre de localités de ce pays et d’assez importantes autres routes nationales très praticables, pousserait d’ailleurs certains à rouler à vive allure nonobstant les panneaux de limitations de vitesse bien visibles sur les abords des routes. Il est, de plus en plus, fréquent de voir des gendarmes avec des appareils de mesure de la vitesse pour amener au respect des limites. Sur de nombreuses routes, des dos d’âne sont bien implantés, souvent contre toutes normes, pour amener les automobilistes à ralentir aux entrées ou sorties de villes ou villages. Ces ralentisseurs ne se justifient très souvent pas eu égard à la petitesse de certains patelins. Le mimétisme joue à fond et chaque village voudrait disposer, comme d’autres, de son dos d’âne.
Toutes ces mesures poussent à analyser ces accidents à l’aune d’autres considérations qui ramènent toujours à l’homme dans sa responsabilité première. Le chauffeur en est un acteur central. Ou plutôt le système de transport qui défie toute logique ou considération à la vie humaine. Comment comprendre que les stationnements au bord de la route ne soient pas souvent précédés de triangles dont dispose normalement tout véhicule ? Des stationnements de véhicules en panne ou en halte qui provoquent de nombreux accidents, parce que souvent visibles que trop tard la nuit. Il est également remarqué que de nombreux véhicules ne disposent pas de feux arrière et on ne les voit qu’à la dernière minute. Ces défauts ne sont pas les seuls qui devraient dissuader les services techniques à délivrer la visite caractéristique de l’autorisation de circuler. Les services techniques ne sont pas les seuls responsables.
Certains agents de sécurité sont aussi complices quand ils ne stationnent pas des voitures qui ne devraient pas circuler. Surtout opérer pour le transport. Pis, l’on voit très souvent de longues files de voitures, surtout des poids lourds, arrêtées par ces agents, rajoutant à l’impossibilité de dépasser ces véhicules. Contribuant à créer des bouchons, même en rase campagne. Le secteur du transport est aussi gangréné par tous ces chauffeurs non professionnels, ces garages clandestins et ces « War gaïndé » (chevaucher un lion littéralement et comme pour exprimer la vitesse vertigineuse que mettent ces véhicules pour rallier des localités). La gare routière de Pompiers n’est plus. Supplantée, depuis 2014, par celle des Baux Maraîchers.
Celle-ci aurait beau ne pas contenir toute la demande de transport des populations dakaroises, mais il reste ahurissant de constater tous ces points de départ, depuis la capitale, pour desservir toutes sortes de localités. Sur la nationale, vous trouverez des transports à la Patte d’Oie, au Croisement Camberène, à Pikine, à Poste Thiaroye, à Diamaguène… jusqu’à la sortie de Rufisque. Il est loisible à tout voyageur de pouvoir les emprunter à quasiment toutes heures de la journée ou de la nuit. Les rabatteurs sont d’ailleurs prompts à aller intercepter tout potentiel voyageur. Une fois dans ces véhicules, sans adresse ni attache fixe, le chauffeur, qui n’est pas formé la plupart du temps pour le transport interurbain, fait montre d’une grande propension à la vitesse pour arriver le plus tôt possible à destination.
Au gré souvent du respect du Code de la route. Les voyageurs semblent y trouver leur compte avec ce moyen de locomotion plus rapide, plus moderne que les fameux vieillots « Sept places » où l’on est mal à l’aise et qui sont passés, depuis belle lurette, de mode. L’on retrouve également de nombreux points de départ dans divers coins de la capitale pour des « horaires » ou des « réguliers ». Aussi, la jeunesse et la non-préparation de ces chauffeurs, très actifs dans les « Allo Dakar », rajoutent au drame quotidien sur nos routes.
Le transport à destination et en provenance de Dakar et dans les autres localités est d’une importance capitale qu’il ne faudrait nullement laisser à la seule appréciation de certains acteurs pas à la hauteur. La sécurité sur les routes devra résulter de plusieurs facteurs alliant respect du Code de la route, de bonnes infrastructures (routes, véhicules), mais surtout de la responsabilité des acteurs. Les usagers des transports doivent également être exigeants. Tout comme les services de transport qui, avec le leadership, doivent s’employer à mettre de l’ordre.
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Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)