Le nouveau gouvernement américain a frappé fort en instaurant un tarif douanier minimum de 10% sur les importations provenant de l’Afrique subsaharienne. Une décision forte qui contraste bien avec les accords commerciaux entre les États-Unis et les pays africains notamment.
En effet, les deux partenaires sont liés depuis très longtemps par un accord appelé Agoa. Qu’est-ce que c’est vraiment ? « La Loi sur la croissance et les possibilités en Afrique (Agoa) est une loi commerciale des États-Unis qui vise à aider les pays d’Afrique subsaharienne à accroître leur accès au marché américain dans le but d’améliorer le commerce. L’Agoa peut aider les producteurs du continent africain à exporter leurs produits aux États-Unis en franchise de douane. Il n’y a pas de taille requise pour qu’une entreprise soit déclarée admissible, et il n’y a pas de minimum fixé à la quantité de produits qu’elle doit exporter pour bénéficier de l’Agoa », explique le site dédié.
Or, avec cette décision de faire augmenter les tarifs douaniers, c’est un coup d’arrêt très fort que reçoit cette convention commerciale lancée en 2000 sous l’administration Bill Clinton. Devant arriver à terme cette année, elle se voit menacée par les nouvelles décisions. Depuis sa mise en œuvre, chaque année, la liste des pays éligibles est renouvelée en fonction notamment de leur attachement à l’économie du marché, au respect de l’État de droit et aux politiques de lutte contre la pauvreté. Le dispositif prend aussi en considération les avancées ou les reculs démocratiques des pays concernés. Une suspension de cet accord porterait un sacré coup aux partenaires africains. Les chiffres indiquent que cette convention qui permet aux pays africains d’exporter de nombreux produits vers les États-Unis sans droits de douane profite à une trentaine de pays.
En 2023, 9,26 milliards de dollars de marchandises ont été exportés dans le cadre de l’accord, dont 4,25 milliards de produits pétroliers ou du secteur de l’énergie. Sera-t-il renouvelé ? Même si durant le mandat de Joe Biden, un groupe bipartisan de sénateurs américains a présenté à la Chambre haute du Congrès un projet de loi portant sur la prorogation de l’Agoa jusqu’en 2041, le flou est total. Au-delà des dernières décisions du Président américain, c’est l’analyse des experts qui fait craindre le pire.
« La situation est confuse, il n’y a aucune clarté », a dit Alex Vines, directeur du programme Afrique du groupe de réflexion Chatham House. Il faut aussi signaler que le dernier renouvellement de l’Agoa date de 2015. Aujourd’hui, ce qui inquiète le plus encore, c’est qu’entre la fin de l’échéance et les pouvoirs du Président, s’il décidait d’y mettre un terme, plusieurs leviers s’offrent à lui. Pendant ce temps, les pays africains mûrissent leurs stratégies pour sauver l’Agoa. Les ministres du Commerce des pays bénéficiaires comptent beaucoup sur les négociations prévues en juillet 2025. L’Afrique peut-elle vivre sans l’Agoa ? Quelles pourraient être les conséquences d’un arrêt ? La fin de l’Agoa ne serait-elle pas un coup d’accélérateur de la zone de libre-échange continental ? Les questions sont légion… oumar.fedior@lesoleil.sn