Si vis pacem, para bellum. Cette célèbre locution latine, signifiant « Si tu veux la paix, prépare la guerre », semble devenir un crédo trumpien. Donald Trump, qui sera investi président de la toute-puissance américaine lundi, affiche, depuis l’annonce de son élection le 5 novembre dernier, une ambition démesurée en matière de conquête territoriale. Le président fraîchement élu a exprimé des velléités expansionnistes vis-à-vis du voisin canadien.
« De nombreux Canadiens souhaitent que le Canada devienne le 51e État (des États-Unis, ndlr). Je pense que c’est une excellente idée », a tweeté Trump mi-décembre.Cette déclaration a suscité des réactions virulentes et une vive indignation du côté du drapeau à la feuille d’érable, notamment de la part de son Premier ministre démissionnaire, Justin Trudeau.
Par le passé, le Canada a déjà subi à deux reprises (en 1776 et en 1812) des tentatives d’invasion militaire de la part de son encombrant voisin américain. Mais Trump propose cette fois un changement de stratégie : il envisage de conquérir le Canada par la « force économique ». Par exemple, il a évoqué l’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur les importations canadiennes.
Une « menace » prise au sérieux, sachant que le Canada réalise 75 % de ses échanges commerciaux avec les États-Unis.Cette posture n’épargne pas le Mexique, l’autre pays formant, avec les États-Unis et le Canada, le trio de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), révisé en 2020. Trump souhaite renégocier les accords commerciaux avec ces deux voisins.
Mais son appétit ne se limite pas à l’Amérique du Nord.Les signaux qu’il envoie à l’Europe et au reste du monde ne sont pas toujours rassurants. Par exemple, lorsque son fils, Donald Trump Junior, visite le Groenland, il s’agit d’une manœuvre géopolitique visant à contrer les ambitions russes en Arctique, qui pourraient représenter une menace pour les États-Unis. Si son opposition frontale avec la Russie inquiète, celle qu’il affiche face à la Chine risque de perturber durablement l’équilibre diplomatique mondial. Concernant la Chine, Trump invoque l’exemple du Canal de Panama, où des droits de péage jugés dissuasifs pour les navires américains seraient attribués à l’influence croissante de Pékin.
Ce dernier joue désormais un rôle de premier plan dans de nombreuses économies d’Amérique latine, s’imposant comme un « grand frère » économique.
Et l’Afrique dans tout cela ?
Trump imposera-t-il le même diktat à ce continent, auquel son premier mandat n’a guère accordé d’attention ? Comme l’a rappelé Rama Yade dans la presse, en 2025 et 2026, « les principaux outils commerciaux américains à destination de l’Afrique – l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), la Development Finance Corporation (DFC) et Eximbank – devront être discutés pour leur renouvellement par le Congrès ».
Les ambitions expansionnistes de cette Amérique version Trump rappellent celles de la Rome impériale à l’époque de l’empereur Auguste, période connue sous le nom de Pax Romana. Ce concept, attesté pour la première fois chez Tite-Live (59 av. J.-C. – 17 ap. J.-C.), désignait la paix imposée par Rome à ses ennemis vaincus, comme Carthage (actuelle Tunisie) après la première guerre punique en 241 av. J.-C. Il ne s’agissait pas d’une paix négociée sur un pied d’égalité, mais de traités dont les clauses étaient dictées par Rome, symbolisant sa domination sur ses partenaires.
Cependant le concept de Pax Romana n’a jamais désigné une période totalement exempte de conflits.Trump n’est pas Auguste, même s’il aspire à revêtir ses habits. Quant à Musk et Zuckerberg, ces narrateurs de récits contemporains par le biais des réseaux, ils s’éloignent de Tite-Live dans leur manière de réécrire l’Histoire.
Par Moussa DIOP
Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)