En piste pour le face-à-face ! Comme au bon vieux temps et comme naguère : presse contre-pouvoir, patrons des médias contre ministre de la Communication. En toile de fond, un régime au banc des accusés : redressement fiscal, rupture de contrats… Seulement voilà : cette fois-ci, c’est le contraire qui aurait surpris. Tant les rapports entre l’opposition d’hier, aujourd’hui à la tête du pays, et certains groupes de presse étaient difficiles. Ce n’est un secret pour personne : le Pastef est convaincu que l’ancien régime s’est appuyé sur certains groupes de presse pour faire capoter son projet de société. Plus que d’anéantir le Projet, le plan ourdi avait pour objectif précis de discréditer et de liquider politiquement l’actuel Premier ministre. La stratégie était simple : le présenter aux yeux de l’opinion nationale et internationale comme diabolique et dangereux pour la paix sociale et la stabilité du pays. Rarement dans l’histoire politique du Sénégal, un parti politique n’a autant fait l’objet de critiques et d’attaques dans les médias.
« Il est clair que certains acteurs de la presse avaient exagéré dans leur manière de faire et d’agir contre l’opposition incarnée par le Pastef », avait constaté un éditorialiste sur le plateau de la Sen Tv. Harcelé et attaqué de toute part, le Pastef n’a eu son salut que grâce à une jeunesse mobilisée et déterminée à protéger le Projet. Une posture sanctionnée par la victoire de la Coalition Diomaye Faye à l’élection présidentielle de mars 2024. Et contre toute attente, on n’assiste pas à ce que Albert Bayet appelle « À régime neuf, presse neuve ».
Certains acteurs ont continué de faire comme si rien n’était. S’illustrant de plus belle dans la diffamation, la calomnie et la diffusion de fausses nouvelles. Contre le nouveau régime et la volonté populaire. Mais aussi et surtout contre le vrai journalisme, celui-là qui célèbre l’éthique et la déontologie tout en sacralisant les faits. Aux manettes : encore et toujours les mêmes illuminés, marchands vendeurs d’illusions. Avec encore et toujours, les mêmes illuminés. Qui usent du même modus operandi. « Mais, à quoi bon continuer à tirer les ficelles contre la volonté divine et populaire ? », s’interroge, visiblement déçu, Cheikh Bamba Dioum dans une contribution publiée le 20 juillet 2024 dans le journal « Le Quotidien » avec un titre révélateur : « Presse, quatrième pouvoir ou première opposition ? ». Sentant l’os trop gros pour les dents de lait d’une opposition naissante, dit-il, la presse, pour ne pas dire une coalition de médias, prend le relais et fait le boulot. Le mot d’ordre semble être : « Focus contre les nouveaux élus qu’il pleuve ou qu’il neige ! ».
Une première ? En réalité, non. Souvenons-nous ! Chaque fois qu’un nouveau pouvoir s’installe, experts en tout, politiques en perte de vitesse et chroniqueurs prennent d’assaut les plateaux pour critiquer à tout-va, déformer la réalité ou chercher à discréditer le moindre acte posé par le gouvernement. But recherché : faire chanter le pouvoir. Exactement comme ce fut le cas sous Abdoulaye Wade et Macky Sall. Sauf que Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko sont différents de leurs prédécesseurs. Le président du Pastef ne s’en cache même pas : son souhait le plus ardent est de voir ces intrus, affairistes et autres maitres-chanteurs quitter le champ médiatique. Voilà justement le problème : comment assainir sans faire de victimes collatérales ? Attaquer aveuglement ces maitres-chanteurs qui ont trouvé refuge dans le secteur stratégique des médias, reviendrait à infliger la double peine aux fragiles reporters déjà malmenés par la précarité évidente de leur statut. Tout doit être donc fait sans porter préjudice à tous ces jeunes, hommes et femmes passionnés et honnêtes, qui ont choisi d’exercer correctement ce noble métier et qui ne demandent que deux choses : respect et salaires décents.
Par Abdoulaye DIALLO
Réanimer l’espoir de 1975 (Par Samboudian KAMARA)