En l’espace d’une semaine, deux drames ont ravivé une blessure profonde dans notre société : deux bavures policières, trois morts, deux villes – Rosso et Cambérène – et une population sous le choc. Même le chef de l’État s’en est indigné publiquement.
Ce n’est pas un détail. Dans les deux cas, la réaction populaire a été immédiate, violente parfois, mais révélatrice : colère, indignation, sentiment d’injustice. À Rosso, deux policiers ont été interpellés. Comme leurs collègues de Pikine, condamnés en février dernier à trois ans de prison pour coups et blessures ayant entraîné la mort sans intention de la donner, ils devront répondre de leurs actes. Ces procédures judiciaires envoient un message fort : la brutalité policière, même sous couvert d’une mission de sécurité publique, ne saurait être tolérée. Il est urgent de rappeler une vérité simple : face à un agent de police, un citoyen ne devrait pas craindre pour sa vie. Sauf danger manifeste ou flagrant délit, le rôle du policier n’est pas d’inspirer la peur, mais de garantir la sécurité, de rassurer, de protéger.
Or, parfois, entre leurs mains, des citoyens « en bavent » jusqu’à ce que survienne la bavure. Et l’on parle alors d’incident. Mais une bavure n’est jamais anodine. C’est un drame humain qui déchire des familles, mine la confiance, creuse un fossé entre l’État et ses citoyens. Pire, elle ternit l’image d’une institution tout entière, y compris de ceux qui exercent leur mission avec intégrité. La relation entre forces de l’ordre et populations repose sur un principe fondamental : la confiance. Lorsque cette confiance est trahie par des actes de violence injustifiée, c’est tout le tissu social qui se fragilise. Et avec lui, la légitimité même de l’autorité publique. elhadjibrahima.thiam@lesoleil.sn