Autoroutes de l’eau pour irriguer les champs, autoroutes de l’électricité pour éclairer les villages… L’État du Sénégal voit grand. Très bien.
On ne va pas se plaindre que le pays cherche à verdir ses terres et illuminer ses foyers. Mais pendant qu’on nous parle de ces belles infrastructures, une question demeure : à quand les autoroutes de la vertu ? Car, pendant que les plans se dessinent sur papier glacé, d’autres routes, bien plus tortueuses, continuent de prospérer. Celles des affaires louches et des scandales qui éclatent et s’éteignent trop vite.
On bétonne les voies d’accès à l’eau et à l’électricité, mais celles de l’éthique restent désespérément en chantier. Des canaux pour l’agriculture, c’est essentiel. Des lignes haute tension pour électrifier les villages, c’est nécessaire. Mais on aimerait aussi voir des axes clairs pour que l’argent public ne prenne pas des chemins de traverse. Des routes bien tracées où les décisions politiques ne seraient pas dictées par des intérêts privés. Des voies express où l’intégrité des dirigeants ne ferait pas l’objet de travaux interminables. Alors oui, l’eau et l’électricité, c’est indispensable. Mais sans un réseau fiable de bonne gouvernance, on risque surtout d’assister à une grande fuite… en avant.
sidy.diop@lesoleil.sn