On croyait en avoir fini avec les histoires de « bain » dans le football sénégalais. Et voilà que, à l’approche de l’élection du prochain président de la Fédération sénégalaise de football, le sujet refait surface. Un bain mystique, pensez-vous ? Pas cette fois. Il s’agit plutôt de cette fameuse eau du bain que certains aimeraient évacuer, sans trop se soucier de ce qui pourrait partir avec. Une métaphore qui semble avoir irrité Me Augustin Senghor, en lice pour un cinquième mandat à la tête de l’instance qu’il dirige depuis 2009. Manifestement agacé par les défections de ses soutiens historiques, le président sortant a publié un tweet dans lequel il s’empare lui-même de l’image : « Jeter le bébé avec l’eau du bain, c’est déjà terrible. Mais le pire, c’est de préférer jeter le bébé et garder l’eau du bain », s’est-il exclamé. Pas besoin de dessin : Augustin Senghor se présente comme le bébé – la chose précieuse à préserver – tandis que ses adversaires seraient, par contraste, cette eau désormais indésirable. Une formule qui en dit long sur l’amertume du moment, et qui ne manquera pas de faire réagir ses challengers. Le risque ? Que cette élection tourne à la farce, un vaudeville d’egos où les petites phrases prennent le pas sur les idées et les visions. Dommage, car le football sénégalais a atteint des sommets historiques grâce à une certaine cohésion de ses dirigeants, bien plus qu’à des calculs politiciens. Alors, faut-il vraiment vider le bain ? Peut-être. Mais à condition de ne pas y noyer ce qui a de la valeur. Car au fond, ce dont notre football a besoin aujourd’hui, c’est bien d’un bain purificateur, pas d’un bain mystificateur.
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