Il faut vraiment s’appeler Donald Trump pour oser certaines déclarations dans le contexte actuel du monde occidental, où chaque mot peut rapidement être interprété comme sexiste. Devant les caméras du monde entier, le président américain s’est carrément extasié sur la beauté d’une journaliste qui se tenait à ses côtés. Une sortie qui s’apparente presque à une déclaration d’amour en mondovision !
« Vous êtes très belle. Je sais que cela peut me coûter mon poste, mais je devais vraiment vous le dire », a-t-il lancé. Melania Trump ne doit apprécier que peu ce genre d’« escapade » verbale de son époux au style souvent cavalier. Cette scène, pour le moins surréaliste, illustre bien les mutations profondes de certaines sociétés occidentales, où même un compliment peut désormais être mal perçu, voire assimilé à du sexisme, de la misogynie ou du harcèlement. Et si aucune plainte n’est déposée sur-le-champ, il ne faut pas croire pour autant être tiré d’affaire : la justice peut frapper des années plus tard, comme on l’a vu avec certaines accusations de harcèlement ou d’agression sexuelle datant parfois de vingt ou vingt-cinq ans.
C’est l’effet de la vague #MeToo, qui a soudain ravivé la mémoire de nombreuses femmes et libéré la parole, souvent à juste titre, mais parfois aussi dans une confusion des repères. Dans nos sociétés africaines, heureusement, il reste encore une certaine latitude pour adresser un compliment respectueux à une femme sans que cela ne donne lieu à une levée de boucliers. Encore faut-il, bien sûr, que le respect soit de mise — car, ici comme ailleurs, tout est dans l’intention et dans le ton. elhadjibrahima.thiam@lesoleil.sn